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Domenico_Veneziano_-_Adoration_of_the_Ma

1440
Victoire de la Renaissance en Italie

La Renaissance en Italie est un phénomène complexe, que les Historiens, notamment en Art, datent du Quattrocento. Rares sont les mouvements de la civilisation ou de l'art que l'on puisse dater avec précision, tant le mouvement de leurs évolutions paraît progressif, voire lent. Alors, pourquoi cette précision qui semble au mieux abusive, au pire arbitraire ?

L'année 1440 voit la rédaction et la publication d'une œuvre capitale de Lorenzo della Valle (nom parfois francisé en Laurent de Vallée ou Valla). En voici le titre complet en latin : De falso credita et ementita Constantini donatione declamatio, ce qui veut dire "Déclamation sur la mensongère et fausse donation de Constantin". 

Ce texte fondateur des États du pape ne date pas de l'Empereur romain, mais de Pépin le Bref, qui attribue au pape la souveraineté théorique sur tout l'Empire d'Occident et pratiquement sur un ensemble de  plusieurs duchés lombards et possessions byzantines en Italie centrale et septentrionales. Cette analyse décridibilise la légitimité en droit des États du pape.

Au delà de la dénonciation de ce faux historique, plusieurs facteurs interviennent, qui fondent un nouvel état d'esprit.

Premièrement, la critique textuelle permet de démontrer la fausseté du texte de la donation par l'usage de la science du philologue contre l'une des traditions les plus respectables de cette époque. 

De plus, la déclaration remet en cause la soumission d'une décision politique et historique du pouvoir du pape et de la Curie. Le pouvoir politique et  culturel pontifical est dissocié de l'autorité religieuse du pape et de l'Église : en dehors de la défense du dogme et de la pratique ecclésiastique, le pouvoir de Rome n'a pas plus de légitimité que tout autre pouvoir politique.

Enfin, la critique textuelle réhabilite le latin classique, celui de l'Empire romain entre le premier siècle avant notre ère et le quatrième de notre ère, contre le latin médiéval considéré (faussement) comme corrompu, en réalité le fruit d'une évolution régressive. Le latin de l'époque carolingienne n'est pas le latin de Cicéron, par ailleurs jugé supérieur. Cette volonté de retourner à la pratique du latin de Cicéron (et du grec de Platon) va devenir très vite l'un des traits caractéristiques de la Renaissance.

Cette remise en cause des structures (religieuses, politiques et culturelles héritées des siècles immédiats, que l'on appellera bientôt l'époque médiévale) est aussi l'un des traits fondateurs de la Renaissance. 

Un autre trait emblématique de la Renaissance, d'abord en Italie avant de s'étendre à l'Europe entière, est illustré par la production contemporaine de nombreux artistes (sculpteurs et peintres) dans leur volonté de représenter leurs œuvres par le biais du retour à la Nature et à l'Antique, comme par les goûts très personnels qu'ils expriment. Ce naturalisme et cette facture personnelle se retrouvent par exemple dans "L'adoration des Mages" de Domenico Veneziano, reproduit en illustration de cet article.

 « Ils vivent, discutent, dialoguent avec nous. Ils nous enseignent, ils nous instruisent, ils nous consolent, ils nous rappellent toutes les choses très anciennes en les plaçant sous les yeux de notre mémoire. Tellement grande est leur force, leur dignité, leur majesté et enfin leur sacralité que s’il n’y avait point de livres, nous serions tous des grossiers et des ignorants sans aucun souvenir du passé, sans aucun exemple sur lequel s’appuyer. Nous n’aurions aucune connaissance des choses humaines et divines. Le même tombeau qui accueille les corps des hommes, effacerait alors pour toujours leurs noms. »

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