1699
Traité de Karlovitz
Le traité de Karlovitz, signé le 29 janvier 1699, met fin à la guerre entre le Saint Empire Romain Germanique (dirigé par les Habsbourg) et l'Empire turc (dirigé par les Ottomans). Il consacre le recul définitif de l'Empire ottoman. Celui-ci a longtemps été tenu pour une menace directe sur les empire et royaumes chrétiens (le S.E.R.G., la Pologne, alors beaucoup plus étendue vers le sud-est de ses limites actuelles, la Russie orthodoxe).
Le traité met fin à la cinquième guerre austro-turque appelée aussi la "grande guerre turque" par les Autrichiens. La cause principale de celle-ci est le refus de renouveler la paix de Vasvar par le Sultan Mehemet IV Avci (le Chasseur). La guerre commence par le second siège de l'armée turque contre Vienne (du juillet à septembre 1683, le premier siège ayant eu lieu en 1529). L'échec de ce second siège par l'armée ottomane, puis la défaite turque de Zenta (en Hongrie) scellent le sort de la guerre.
Les deux empires sont des puissances de premier ordre dans la politique mondiale de l'époque. Le S.E.R.G. s'étend sur toute l'Allemagne, l'Autriche, la Bohème (Tchéquie et Slovaquie), un partie de la Hongrie. L'Empire ottoman s'étend de la Transylvanie (la Roumanie) à l'Égypte, du pourtour de la Mer Noire au Sahara, de la Mésopotamie et de l'Arabie à l'Algérie, tissant des liens de tributs avec des Cosaques de Russie ou de Sibérie. C'est pour l'époque une superpuissance, turco-arabe et à majorité musulmane, véritable héritière territoriale de l'ancien Empire byzantin, à juste titre redoutée.
Ce traité, avec l'échec turc des deux sièges de Vienne (1529 et 1683) et la défaite de Lépante (1571) marquent non seulement les limites des conquêtes ottomanes en Europe, mais également le début du déclin de la Sublime Porte et de la seule puissance musulmane, capable de concurrencer la montée en force des puissances chrétiennes et européennes, de leurs impérialismes déjà manifestes. Avec le traité de Constantinople entre les Empires russe et turc, signé le 15 juillet 1700, il amorce le retrait de la puissance ottomane en Europe (la Sublime Porte abandonne à la Russie la rive nord de la Mer Noire). Viendront au siècle suivant la décomposition de la puissance turco-arabe en Afrique du Nord (perte de l'Égypte dès 1798, conquête française de l'Algérie à partir de 1830 etc.). La roue de l'Histoire a tourné pour au moins trois siècles au profit d'une Europe capitaliste et conquérante.