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1793
Publicaton du Siku Quanshu

La trente septième année de son règne (1772), l'Empereur Qing Qianlong décide, pour rehausser plus encore son prestige, de commander une vaste compilation encyclopédique de tous les écrits importants que la Chine a produite depuis la nuit des temps. Ce projet doit surpasser en importance la grande encyclopédie collationnée sous l'Empereur Yongle et datant de 1408. L'ouvrage sera nommé sìkù quánshū (四庫全書 ou 四库全书 en chinois simplifié). Ce titre signifie : Bibliothèque accomplie des quatre trésors ou peut encore être traduit par des expressions voisines. 

Sous la direction de deux érudits, Ji Yun (紀昀) et Lu Xixiong (陸錫熊), un comité de 361 Lettrés compile finalement les notices sur 10 254 livres, dont le texte mot-à-mot de 3 461 ouvrages. Le contenu de cette somme regroupée en 4 registres comprend 44 catégories et au total 79 337 chapitres (juan). L'ensemble forme 36 381 volumes, regroupant 2,3 millions de pages environ et 800 millions de sinogrammes...

Les registres sont  spécialisés en autant de matières. Le premier registre détaille les livres canoniques (經部 : Jingbu), qui regroupe les grands classiques, depuis le Yijing (易類) et divers livres de rites jusqu'aux livres de Kǒng Zǐ (Confucius). Le deuxième registre (史部 Shibu) compile de multiples œuvres d'Histoire et de Géographie, à commencer par les 24 Histoires officielles classées par dynasties (正史類 : ZengShi). Le troisième registre (子部 : Zibu) comprend les livres de nombreux philosophes et maîtres de sagesse. Le quatrième registre est une anthologie de la Littérature et de la Poésie chinoise (集部 : Jibu). Chaque registre se décline en un nombre variable  de catégories (d'une demi-dizaine à une quinzaine), classées par thème et par ordre chronologique.

La compilation est organisée avec un grand soin : chaque page est écrite sur huit colonnes de 21 caractères soigneusement calligraphiés (écriture kaishu : 楷書). Les livres sont reliés avec des couvertures de différentes couleurs pour chaque registre : vert pour les Classiques, rouge pour l'Histoire et la Géographie, bleu pour la Philosophie et gris pour la Littérature et la Poésie. A partir de 1782, le Siku Quanshu est recopié de sorte que l'édition originale est constituée de sept exemplaires. Les 3 826 copistes sont promus à des postes valorisants une fois terminé leur travail. Cette pluralité de copies permet de conserver encore aujourd'hui l'ensemble de l'ouvrage, malgré plusieurs destructions.

La compilation du Siku Quanshu fut également l'occasion de procéder à une épuration politico-culturelle : un catalogue de "mauvais livres", le Siku JinShu (四库禁书) fut constitué de livres anti-mandchous. Il comprend 2 855 ouvrages qui furent réquisitionnés et brûles, malgré les promesses initiales. Les différents membres des familles qui les détenaient furent parfois reléguées aux confins de l'Empire, parfois même exécutés.

Il n'en reste pas moins vrai que cette immense entreprise représente le plus grand effort éditorial jamais réalisé avant les politiques de sauvegardes systématiques sur Internet. Il permet maintenant d'accéder au richissime fonds de la culture chinoise, sauvé pour une part importante par ce travail unique.

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