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711
De l'Inde à l'Espagne

Le nom complet du Calife Al Walid I° est Abū Al-ʿAbbās Al-Walīd ibn ʿAbd Al-Malik ( أبو العباس الوليد بن عبد الملك en arabe). Il règne de 705 à 715, selon le comput chrétien, de 86 à 96 de l'Hégire. Si le bonheur d'un souverain se mesurait à la taille de son État et à son expansion, Al Walid est l'un des plus heureux que la Terre ait porté : quand il prend la succession des Califes, il règne de l'Iran au Maroc, A sa mort, le Califat s'étend de l'Indus à l'Espagne. Et si le bonheur d'un souverain se mesure à la qualité de ses ministres, Al Walid est aussi l'un des plus heureux, car il fut secondé par le Gouverneur et ministre Al Hajjaj ben Yusef Ath Thaqafi (الحجاج بن يوسف).

La formidable croissance de l'Empire califal se mesure au rythme de ses conquêtes : union de toute l'Arabie en 634 (an 12 de l'Hégire) à la mort d'Abou Bakr, conquête de la Syrie, de la Babylonie et de l'Égypte entre 637 et 642, entre 633 et 654, conquête de la Perse (Iran), entre 641 et 647 conquête de la Tripolitaine (Libye), à partir de 647 jusqu'en 709 conquête de l'Ifirqiya (Tunisie) et de la Maurétanie (Algérie et Maroc)... Durant l'année 711, les troupes califales pénètrent à la fois dans le Sind (vallée de l'Indus, dans le Pakistan actuel) et dans le royaume wisigothique d'Hispanie (futures Espagne et Portugal).


Paradoxalement, le succès des conquêtes arabes en Europe et en Asie se mesurent à leurs limites, atteintes après le règne d'Al Walid. En Gaule mérovingienne, la pénétration par razzias successives se produit en Languedoc, Aquitaine, Provence et couloir rhodanien jusqu'aux lentes et difficiles reconquêtes carolingiennes de 732 à 795. Durant quarante ans (de 719 à 759), Narbonne est la capitale d'un gouverneur musulman (wali) dépendant de la province d'Al-Andalous et de l'Empire omeyyade, mais dès 721, les troupes arabo-berbères sont défaites à Toulouse par une coalition des Aquitains et des Vascons, puis à Poitiers en 732 par Charles Martel. Au Sind, c'est la troisième fitna (guerre civile arabe) qui met fin à l'expansion musulmane à partir de 744. Finalement, les deux extrêmes de l'Empire (Espagne et Sind) se stabilisent à peu près aux conquêtes de 711. Le territoire conquis en moins de cent ans n'en est pas moins immense et l'unité de la civilisation survivra durablement au fractionnement politique futur.

Al Hajjaj ben Yusef reste Gouverneur de l'Irak pendant les règnes d'Abd el Malik et de son fils Al Walid I°. De la frappe des dirhams d'argent en remplacement des monnaies sassanides à l'adoption de l'arabe (au lieu du persan) comme langue du pouvoir (notamment de l'administration), du programme de développement urbain, à la reprise et à l'extension du réseau d'irrigations pour l'agriculture, les réformes qu'il initie fondent l'état impérial omeyyade. Al Hajjaj ben Yusef étend ses prérogatives jusqu'au domaine religieux (diffusion de la version normative du Coran) ou linguistique (adoption des signes diacritiques permettant de différencier de nombreuses lettres entre elles).

Toutefois, ses méthodes autoritaires prennent parfois des formes de dictature : exploitation indue des nouveaux convertis non arabes de Mésopotamie (expulsion des villes et soumission au jizya !), répression des premières révoltes de masse (massacre des révoltés menés par le noble Kufan ibn Ashath à Bassora), 

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