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Elephant_and_Castle_(Fresco_in_San_Baude

802
Un éléphant à la Cour de Charlemagne

Le 20 juillet 802, l'Empereur Charlemagne reçoit, dans son palais d'Aix-La-Chapelle,  la mission diplomatique qu'il avait adressé en 797 au Commandeur des Croyants, Hâroun ar-Rachid, à la cour abbasside (à Bagdad). Les ambassadeurs en titre, les Francs Sigismond et Landfried sont morts sur le chemin du retour. C'est donc l'interprète, le Juif Isaac, arabophone, qui conduit l'ambassade auprès de l'Empereur. Il n'est pas seul : il est accompagné d'un éléphant blanc de l'Inde, dénommé Abul-Abbas. Le pachyderme est un présent royal : la rareté des éléphants albinos font de chaque animal un cadeau exceptionnel que le Commandeur des Croyants réserve aux princes et aux rois. 

L'ambassade envoyée par Charlemagne et reçue par lui cinq ans plus tard avait un objectif principal : s'assurer de bonnes relations avec le Calife, pour renforcer sa position envers deux ennemis potentiels, l'Émir de Cordoue (survivant des Omeyyades) et l'Empereur de Byzance. En outre, Haroun ar-Rachid garantit aux Chrétiens de l'Empire carolingien le libre accès pour le pèlerinage à Jérusalem. Malgré la religion sunnite pratiquée par le Calife, Charlemagne apparaît ainsi comme le champion du Catholicisme, aussi bien contre les Musulmans d'Espagne et  contre les Grecs de Byzance que pour la défense des pèlerins "latins".

D'autres ambassades renforcèrent les liens entre les deux souverains. En 806, Charlemagne reçut comme cadeau du Calife une clepsydre, ou horloge à eau, présent également prestigieux. Éginard la décrit ainsi : " Une machine qui, actionnée par la force motrice de l’eau, marque les heures par un nombre approprié de petites boules de bronze qui retombent sur un timbre d’airain ; à la fin de chaque heure, un cavalier sort par une des douze fenêtres, ouverte initialement et qui se referme ensuite derrière lui ".

Il semble que la diplomatie esquissée par Charlemagne et Hâroun ar-Rachid ne se développa pas avec leurs successeurs respectifs. La mort des deux protagonistes, suivie de l'effondrement de l'Empire carolingien après 880 comme du déclin relatif des Abbassides en Syrie forment autant de circonstances qui mirent fin à ces relations diplomatiques.

Que devint Abul-Abbas ? Arrivé à Aix-La-Chapelle en 802, il fut la coqueluche de Charlemagne et de la cour impériale. L'Empereur l'exhibait à ses hôtes prestigieux et l'animal servit à effrayer les Danois lors de l'une de leurs incursions en Allemagne. Le pachyderme, déjà âgé, mourut d'une pneumonie en 810, à la suite, dit-on, d'un bain dans le Rhin. L'on rapporte également que l'une de ses défenses servit après sa mort à confectionner l'Olifant (un Cor) qui figure encore au Trésor impérial conservé dans la Cathédrale d'Aix-La-Chapelle.

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