1495
Charles VIII à Naples
En 1494, le jeune roi de France Charles VIII, héritier du Duc d"Anjou et de Provence (le "Bon roi René"), revendique le royaume de Naples, avec les titres qui en dépendent théoriquement : le royaume de Jérusalem et l'Empire latin de Constantinople. Ces revendications idéologiques le posent "naturellement" comme chef supposé d'une hypothétique croisade. Mais le seul résultat durable de tout ce programme est le déclenchement des guerres d'Italie et la pénétration de la Renaissance italienne en France et en Europe.
Charles VIII se voulait un roi parfait de l'idéologie médiévale : Maître de guerre et de justice, promoteur de croisade. La prétendue noblesse de ses intentions lui font chercher la paix avec ses voisins les rois d'Angleterre (par le traité d'Étaples en 1492, Charles VIII solde cher le différent sur la revendication du Duché de Bretagne), d'Aragon (restitution du Roussillon et de la Cerdagne au traité de Barcelone en 1493) et le Duc d'Autriche (restitution du Comté de Bourgogne et du Duché d'Artois par le traité de Senlis en 1493). En leur rendant ces Duchés et Comtés réunis à la couronne de France par son père Louis XI, le jeune roi de France compte neutraliser les inimitiés de ses pairs sur son grand projet, ses futures conquêtes méditerranéennes.
Dès la mort de Ferdinand I° de Naples, en 1494, Charles VIII s'adjuge les titres qu'il revendique et se rend à Naples pour s'y faire couronner. Sa traversée foudroyante de l'Italie entre septembre 1494 et février 1495 reste un exploit militaire mais lève l'ensemble des souverains d'Occident et des États italiens contre l'expédition du Capétien. Il a tout juste le temps de se faire couronner en mai 1495, avant un retour pénible dans le royaume de France. Lors d'une nouvelle expédition pour délivrer son cousin Louis d'Orléans (futur Louis XII), Charles VIII conclut la trêve de Verceil avec Ludovic Sforza, le Duc de Milan, qui met fin à la première guerre d'Italie.
Au final, la première guerre d'Italie, entièrement menée selon des idées relevant du Moyen-Âge, déclenche une série de guerres dans la péninsule entre la France et l'Europe. Après soixante cinq ans de conflits, de 1494 à 1559, les rois de France sont forcés d'abandonner leurs rêves italiens et méditerranéens. Le seul avantage durable sera la diffusion de la Renaissance italienne dans toute l'Europe et la révolution culturelle qu'elle y apporte. Mais fallait-il soixante-cinq ans de guerres pour cela ?