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1179
Averroès publie le "Discours décisif"

Averroès est le nom que l'on donne en Occident européen au grand savant et philosophe arabe Ibn Roshd. C'est un théologie, juriste, philosophe et médecin andalou, né en 1126 de l'ère chrétienne à Cordoue (aujourd'hui en Espagne), mort en 1198 à Marrakesh (aujourd'hui au Maroc).

En 1179-1180 (l'an 575 de l'Hégire), il est le nouveau Grand Cadi (juge) de Cordoue. Au double titre de juge-théologien et de philosophe, il publie une décision (fatwa) intitulée  Livre du discours décisif où l'on établit la connexion existant entre la révélation et la philosophie, en abrégé en français Discours décisif. Il traite de la question juridique de savoir si la philosophie et les sciences de la logique sont prescrites, autorisées ou prohibées en Islam. 

Sa réponse est claire : elles sont obligatoires pour tous ceux qui en ont les moyens (intellectuels). Le Cadi fonde sa décision sur deux versets du Coran : "Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance !" (Traduction du Coran, sourate LIX verset 2) et" Que n'examinent-ils le Royaume des Cieux et de la Terre et toutes les choses que Dieu a créé ! "(Traduction française du Coran, sourate VII verset 185). Ibn Roshd cite encore plusieurs versets univoques dans ce sens (§ 3). 

Averroès prône ainsi l'usage obligatoire de la raison pour tous les Croyants qui le peuvent. Ceci étant posé, il énumère les quatre syllogismes dont il traite : l'apodictique (démonstratif), dialectique (au sens aristotélicien), éristique (sophistique) et rhétorique (§ 5). Plus important encore dans la démonstration d'Averroès, la présentation des trois chemins possibles de l'argumentation philosophique : la démonstration, la rhétorique et la discussion (dialectique aristotélicienne), que le Cadi fonde en Islam sur un autre verset du Coran : "Appelle les hommes dans le chemin de ton Seigneur, par la sagesse, par la belle exhortation et discute avec eux de la meilleure manière !"(traduction en français du Coran, sourate XVI verset 125, cité au § 17).

A partir de ces bases scripturaires, Ibn Roushd revient sur les trois catégories d'énoncés théologiques : ceux qui relèvent des trois dogmes fondamentaux de l'Islam (la croyance en un Dieu unique, la Prophétie de Muhammad et le Jugement) et qu'il serait impie de chercher à interpréter, ceux qui doivent être interprétés par tous ceux qui sont aptes à philosopher selon les versets déjà mentionnés et ceux qui oscillent entre les deux autres, selon les capacités de chacun (§§ 41 et 42).

L'originalité de cette fatwa réside dans la justification à l'activité philosophique, dès que la capacité à philosopher est certaine : pas de domaine réservé sur un quelconque autre critère. De plus, Averroès finit son texte en insistant sur la proximité de la philosophie et de la religion : elles sont "sœurs de lait" (§ 71), affirmation très engagée pour un Cadi dans l'exercice de ses fonctions. 

Et si la philosophie peut être une obligation de la religion, l'exercice de la Raison mène-t-il à Dieu ? La méditation sur Dieu peut-elle mener à la Raison ?

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