AVANT - PROPOS
Souvent, le droit romain rebute l’étudiant ou l’honnête homme, la juriste ou l'historienne qui cherche à s’instruire de ses subtilités. Parfois, il fascine. Jamais, il ne laisse indifférent ceux qui veulent étudier l’histoire du droit. Pourquoi ces réactions si subjectives ?
La technicité de ses procédures ou de ses distinctions est la cause de bien de ces rebuts. De plus, la sensibilité moderne se révolte à certaines questions : un paterfamilias peut-il vendre son fils ? Un homme peut-il mourir pour ses dettes ? La cruauté est-elle le moteur de l’histoire et de la prospérité romaine (par la spoliation des vaincus, par le travail servile au regard de la condition matérielle et juridique des esclaves) ? Toutes ces interrogations sont légitimes et la réponse est si souvent affirmative. Mais n’avons-nous pas, nous aussi, une si grande part de ténèbres dans notre histoire contemporaine ?
Cependant, l’objet d’une enquête scrupuleuse consiste à étudier en détail une évolution de quatorze siècles. Au delà de bien des rigueurs, l’immense travail des Préteurs et des Jurisprudents jalonne une évolution fascinante : l’apparition de la notion de personne, la si lente mais bien réelle amélioration de la condition féminine (couronnée par sa libération juridique l’année même du premier sac de Rome) ne manquent pas d’interpeller. L’étude du droit romain est aussi un modèle de méthodologie. À ce titre, elle est précieuse et son abandon reste problématique. Son apport dans l’étude du droit resterait sans doute marginal aujourd’hui, mais au regard de l’étude de l’histoire, elle se révèle capitale !
Le scribe formule un regret : il n’y a pas de place dans ce lexique pour l’étude de la religion antique des Romains, celle héritée des Étrusques et des autres apports italiens. Comment peut-on faire l’histoire du droit romain sans aborder la question des Augures des Pontifes et des Flamines, ou de la dimension religieuse de la personne de l’Empereur ? Le simple survol de ce que nous conservons de l’œuvre de Cicéron suffirait à lui seul à nous en convaincre pour ce qu’il en est de la République. La vieille religion des anciens Romains n’est pas abordée ici parce qu’au regard des connaissances juridiques, elle est si mal renseignée ! Pourtant, le peu que nous en savons se révélerait capital : il n’y a pas de succession sans dévolution des cultes privés, pas d’entrée en vigueur des lois sans l’accord nécessaire des Augures, pas de reconnaissance d’un Empereur sans culte impérial. Nous devons ces omissions nécessaires à la disparition d’une si grande part de la culture antique dans la poussière des siècles !
Il reste que ce lexique se veut un outil de travail, que son auteur ambitionne d’avoir fait de chaque article soit une synthèse, soit une introduction à la question soulevée à chaque entrée. Il reste, bien sûr, seul responsable des oublis et des fautes. Puisse ce site inciter la chercheuse ou le lecteur à se lancer à son tour dans cette redoutable mais passionnante étude !