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PROGRAMME

 

 

   Toute activité de l'esprit humain se résout en une combinaison, plus au moins raffinée, de mathématiques et de récits. Ces catégories premières interfèrent même entre elles. Le traitement du récit des mathématiques est couronné par l'exploration scientifique du monde. Celui des mathématiques du récit est couronné par la synthèse structuraliste de ces mêmes disciplines. À elles seules, toutes ces spécialisations recouvrent l'ensemble des préoccupations qui ne sont pas fictives. Et de plus, il existe même une étude structurale du fictif : l'esprit humain ne sort donc pas de cette dialectique.

 

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   Le travail à programmer pour approfondir (et synthétiser) cette combinaison passe par le développement futur d'une nouvelle Logique, qui engloberait mais dépasserait la Logique aristotélicienne, fondée maintenant il y a vingt-quatre siècles...

 

   Depuis deux siècles, de nombreux travaux en Logique ont essayé de la dépasser et de l'intégrer. À ce jour, leurs échecs font que la Logique aristotélicienne (ou formelle) reste le point commune de tous les Logiciens, malgré bien des recherches sectorielles, parfois très avancées.

 

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   Parmi ces travaux, deux ont durablement marqué la recherche en sciences réelles et en sciences humaines : la dialectique hégélo-marxiste et le structuralisme. La dialectique (en ce sens précisé ci-avant) dépasse la Logique formelle d'un point de vue diachronique (en considérant tous ses objets dans leur devenir - leur évolution - notamment par leur négation et leur dépassement). Le structuralisme dépasse la Logique formelle d'un point de vue synchronique (du point de vue de leur intégration dans une structure globale et en quelque sorte algébrique).

 

   Ces deux méthodes présentent chacune des progrès considérables dans l'analyse de leurs objets. Mais l'on peut les décrire comme les ombres portées d'un cylindre par deux éclairages différents : l'un placé devant la section circulaire du cylindre, l'autre placé devant le fût du cylindre : Il s'en suit que les deux ombres portées présentent la forme, dans un cas d'un cercle, dans l'autre d'un rectangle.

 

   Le but des travaux que j'ambitionne de produire répondent à cette métaphore en tentant de restituer une vision globale du cylindre, qui intégrerait et qui dépasserait les deux éclairages partiels de l'objet considéré. L'on peut filer la métaphore en expliquant que l'éclairage serait tri-dimensionnel, et non planaire, d'où une complexité qu'il me faut affronter.

 

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   Que serait cette logique si, par bonheur, j'arrivai à la produire ? Il y a un siècle, les travaux en tectologie du savant russe et soviétique Alexandre A. Bogdanov ont produit une tentative de synthèse de ces deux méthodes logiques. Il semble qu'elle a été en partie prématurée, avant de produire des méthodes remarquables (comme la cybernétique) ou déplorables (comme l'imposture de la «_dialectique » redéfinie par Staline ou la logique stupide de Lyssenko).

 

   Peut-être que la question primordiale de Bogdanov (synthétiser les méthodes des sciences alors disponibles – il y a un siècle) pourrait constituer un bon point de départ, sur une base de méthodologie remise à jour selon les apports des sciences et des techniques contemporaines. Une autre manière de poser le problème, mais en relation avec ce qui précède, consisterait à poser les bases nouvelles d'une « science générale de l'organisation ».

 

   Bonnes recherches !

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