QU'EST-CE QU'UNE SCIENCE ?

 

 

   La science est le travail de la Raison pour organiser notre monde. Cette organisation tient en deux aspects complémentaires : la vision la plus globale et la plus précise du monde qui nous entoure : en ce sens, c'est une Weltanschauung (vision du monde, selon les auteurs germanophones) et de plus la science est une méthode pour agir dans le monde (technicité).

 

   En tant que travail de la Raison, il importe de préciser deux réponses. L'appel à la Raison impose quelques règles de rigueur impératives : parmi elles, il importe de préciser deux éléments. D'une part, la présentation rationnelle sera à la fois la plus complète possible (on ne choisit pas ses données de travail selon sa fantaisie ou ses désirs mais on se doit de travailler sur toutes les données disponibles) et la plus synthétique possible (selon la base de départ la plus économique possible qui englobe toutes ces données : ce critère s'appelle le Rasoir d’Ockham). Par ailleurs, elle élabore pour son travail l'approche la plus précise qui rende compte du monde matériel qui nous entoure (le matérialisme méthodologique).

 

   De plus, l'appel au travail de la Raison implique un processus : la science n'est pas immuable. La démonstration ou le résultat d'un scientifique peut être réfuté à tout moment sur la base d'un travail plus conforme à la Raison et à l'organisation du monde. En cela, tout discours scientifique est l'image d'une vision instantanée, du moment qu'elle renvoie à un travail sur la Raison et qu'elle s'inscrit dans le progrès de celle-ci.

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   Ces attendus impliquent six attitudes nécessaires pour qualifier un travail de scientifique :

1. Il importe de savoir accepter un résultat qui surprend, s'il est robuste (DOUTE HONNÊTE) ;

2. Le monde existe indépendamment de moi : c'est le réalisme scientifique (CORROBORATION) ;

3. Il est fondé sur un matérialisme méthodologique (indépendamment des diverses opinions ou convictions religieuses ou métaphysique) ;

4. Il est exempt de fautes de logique et fait appel à l'économie d'hypothèses ;

5. Ces procédures sont transparentes et publiques ;

6. Enfin, l'on ne choisit pas les données mais on les prend toutes en compte.

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   On retrouvera ces six biais cognitifs dans l'ouvrage pédagogique de :

Guillaume LECOINTRE Savoirs, opinions croyances – une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe Éditions Belin 2018.

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QUELQUES QUESTIONS / RÉPONSES

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Q Le laboratoire du scientifique est-il sa tour d'ivoire ?

R Non et le travail scientifique est par nature COLLECTIF : il peut l'être dans son élaboration et l'est nécessairement dans sa vérification (item N° 6). Les procédures sont transparentes et publiques, ce qui veut dire que le travail du scientifique peut être reproduit par tout autre qualifié pour arriver aux mêmes résultats.

 

Q Le travail du scientifique est il nécessairement mathématique ?

R Non : Plusieurs sciences, notamment en sciences de la Vie et en sciences humaines ne font pas appel à un traitement mathématique complexe (la théorie de l'Évolution, les travaux des ethnologies et des anthropologues).

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Q L'Histoire fit-elle partie des sciences humaines ?

R Oui, mais il importe de préciser : l'Histoire part du récit de ce qui a été vu (au premier ressort, des témoignages des individus présents). Son fondement n'est donc pas scientifique. Toutefois, les données une fois engrangées et vérifiées, son traitement est scientifique car il répond aux six critères énoncés ci-dessus.

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Q La science a-t-elle le monopole de la Raison ?

R Non : de nombreuses théories psychologiques, philosophiques, métaphysiques ou théologiques reposent sur des critères non scientifiques (des dogmes) mais développent leurs argumentations à partir de ces fondements avec toute la rigueur rationnelle souhaitable :le freudisme se développement rigoureusement à partir du principe de l'Inconscient et de la pratique freudienne, la théologie thomiste à partir de l'affirmation du moteur initial (primus movens), que Thomas d'Aquin assimile au Dieu des Chrétiens, la théologie d'Averroès – Ibn Roushd en terre d'Islam – à partir de la profession de foi islamique sunnite (« Il n'est de dieu que Dieu et Muhammad est son Prophète ») Mais les théologies citées ne partagent pas l'attendu du matérialisme scientifique (N°3).

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Q La Philosophie de Lumières (autour de l'Encyclopédie etc.) est elle scientifique ?

R Non en pleine rigueur. Toutefois, son engouement pour les sciences amène ses adeptes à intégrer les sciences et les techniques qui en sont issues dans leurs Vissions du Monde (Weltanschauung). Voilà pourquoi de nombreux partisans des Lumières sont des Scientifiques et que cette philosophie pousse à l'étude scientifique. Elle peut en être en quelque sorte une introduction.