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КРАМСКОЙ Крестьянин с уздечкой - 1883

KRAMSKOŸ Paysan à la bride - 1883

     Le nom du paysan peint nous est parvenu : il s'appelait Mina Moïseïev.

     De tous les tableaux que j'ai choisi de vous présenter ici, celui-ci est mon préféré, pour des raisons entièrement subjectives : la peinture est classique, mais le thème parfaitement révolutionaire. 

      Le paysan, sur un fond noir, est peint debout, dans la lumière. Appuyé sur son bâton de marche, il sourit, portant sur le bras une bride, qui a dû servir pour un animal domestique. N'est-il pas lui-même libéré récemment du servage, vraie bride juridique ? L'année où Kramskoï a peint (pour la deuxième fois) Mina Moïsseïev, il y a dix-ans que la loi sur l'émancipation des serfs appartenant à des particuliers a été promulguée, treize ans que celle sur les serfs de l'État est parue.

     Ses mesures sont : H x L = 125 cm x 93 cm.

 

      Bien sûr, la réalité historique est moins clinquante : libérés de leurs anciens maîtres, les paysans sont, pour la plupart, tombés sous la coupe économique d'une Banque, d'un propriétaire dont il loue les terres, parfois un ancien camarade de travail qui a eu la chance de gagner en aisance (un koulak). Beaucoup ont quitté les terres qu'ils cultivaient pour grossir dans les villes la masse des prolétaires, au travail plus ou moins précaire. Dans huit ans (en 1891), une terrible famine va frapper toute la Russie, avec des conséquences épouvantables, dont je citerai seulement la pire : on évalue la mortalité directe de cette crise à deux millions de personnes.

      Malgré tout, Mina Mousseïev est debout, libre, lumineux. Je prends ce tableau pour un hommage du peintre aux paysans russes de son temps.

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