Le nom complet de ce tableau est une phrase entière : Les Cosaques Zaropogues écrivent une lettre au Sultan de Turquie (en russe : Запорожцы пишут письмо турецкому султану).

   Le thème de la peinture, comme l'anecdote historique qui lui sert de prétexte, illustre un morceau de choix dans l'usage parfaitement volontaire et assumé de la dérision et de la provocation grossière. En 1676 (date probable), les Cosaques Zaropogues occupent un espace incertain au cœur de l'Ukraine, alors convoitée par deux puissances orientales de l'époque : celle des Polonais et des Lituaniens coalisés, (qui, depuis des siècles,  avaient colonisé l'Ukraine) et celle de l'Empire ottoman : le Sultan d'Istanbul contrôlait alors toute les rives de la Mer Noire. Il fait une offre condescendante aux Cosaques, qui choisissent de la refuser avec vigueur... et un ton délibérément insultant.

     Répine choisit de représenter les Cosaques en train de rédiger cette réponse. En 1913, Guillaume Apollinaire reprend le même thème dans son livre Alcools et interprète ainsi cette cinglante réplique :

       Plus criminel que Barrabas
       Cornu comme les mauvais anges
       Quel Belzébuth es-tu là-bas
       Nourri d'immondice et de fange
       Nous n'irons pas à tes sabbats

       Poisson pourri de Salonique
       Long collier des sommeils affreux
       D'yeux arrachés à coup de pique
       Ta mère fit un pet foireux
       Et tu naquis de sa colique

       Bourreau de Podolie Amant
       Des plaies des ulcères des croûtes
       Groin de cochon cul de jument
       Tes richesses garde-les toutes
       Pour payer tes médicaments.

    Répine achève sa toile en 1891. Elle est à ce jour exposée au Musée Russe, à Saint-Pétersbourg, sous le N° d'Inventaire Ж-4005 et mesure 203 cm sur 358.