Historiographie de la Chine

 

     L'histoire de la Chine présente cette particularité qu'un nombre très impressionnant de sources anciennes sont éditées dans un ensemble imposant de textes, qui porte collectivement le nom d'Èrshísì Shǐ (二十四史 : les Vingt-quatre Histoires). Cette compilation est à elle-seule une magistrale bibliothèque d'Histoire : 3 213 volumes (estimation de 40 millions de caractères) regroupe presque toute la littérature historique depuis les origines légendaires (vers 3 000 avant notre ère), surtout depuis le premier millénaire avant l'ère chrétienne, jusqu'à la fin de la dynastie Ming (suicide de l'Empereur Chongzhen, 崇禎), le 25 avril 1644. 

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     Cette bibliothèque historique a repris (en l'intégrant) les monumentales Mémoires historiques (Shǐjì : 史记) dues au labeur et au sacrifice de Sima Qian (司马迁 : Sīmǎ Qiān) pendant le règne de l'Empereur Han Wu Di (peu après l'an 100 avant l'ère commune). Cet ouvrage déjà monumental (compilé par un seul auteur) regroupe à lui seul 130 volumes, dont 12 volumes de biographies des Empereurs et de leurs principaux ministres, les 30 volumes sur l'histoire des dynasties de chefs, de nobles et de fonctionnaires régionaux (capitaux notamment pour la période d'anarchie féodale, dite des Royaumes Combattants), les 10 volumes d'un récit chronologique continu (considéré comme rigoureux à partir de 841), les 8 volumes d'histoire économique et culturelle, plus 70 volumes de biographies et de chroniques autres.

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     À la suite de Sima Qian, un collectif de Lettrés (qui sont aussi Historiens) reprend l'histoire de chaque dynastie impériale sous les règnes de la dynastie suivante. Parfois, l'Empereur mécontent du travail du collectif demande la compilation d'un autre ouvrage. En tout, vingt quatre traités ont été rédigés jusqu'au XVIIIe siècle, qui forment l'ensemble. L'histoire de la dernière dynastie (Qing, 1644 - 1911) n'est pas officiellement publiée, mais est parue à l'état de "brouillon" en 1927.

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     En tout, les Vingt-Quatre Histoires fondent la référence annalistique de l'Histoire de la Chine. Mais il faut remarquer aussi Le Miroir général pour aider le gouvernement (资治通鉴 : zīzhì tōngjiàn), demandé en 1065 par l'Empereur Sòng Yīngzōng (宋英宗) à l'Historien et haut fonctionnaire Sīmǎ Guāng (司馬光) et publiée en 1084, après 19 ans de travaux. L'Empereur défunt voulait une histoire universelle parallèle aux Histoires composées depuis Sim Qian. Ce traité en 294 volumes (et trois millions de caractères environ) présente une suite sur quatorze siècles (de 403 avant notre ère jusqu'en 959, de l'époque des Royaumes Combattants à la fin de la période dite des Cinq dynasties et des Dix royaumes). La méthode de Sima Guang est fort différente de celle des Histoires annalistiques. L'auteur et son équipe suivent un plan chronologique pour l'essentiel, lequel intègre des développement analytiques ou critiques.

 

     D'autres Historiens eussent mérités d'être mieux connus, comme Wang FuZhi (王夫之), dont l'œuvre est très partiellement accessible aujourd'hui. Ce penseur majeur en Philosophie et en Histoire a été victime de son refus du Néo-confucianisme dès son époque et après le XVIIe siècle. Auteur de plus de cent ouvrages, il n'est plus connu que par les lambeaux qui persistent aujourd'hui. Le reste est perdu. Dans les écrits qui subsistent, l'on découvre un penseur à la recherche de lois générales de l'Histoire, emprunt d'une attitude comparable à l'Humanisme en Europe au siècle précédent et attaché à une notion proche de ce que nous appelons aujourd'hui le progrès.

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      Les questions liées à l'Histoire et à l'historiographie chinoises à partir du XVIIe siècle se posent aujourd'hui dans un contexte qui rappelle celui des recherches en Histoire de l'Europe aux mêmes périodes. Elles sont centrées sur la recherche et la critique des textes, sans compter un complément dû à l'archéologie. 

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      Enfin, les recherches de l'Histoire chinoise connaissent actuellement de profonds enrichissements ou renouvellements du fait du croisement des récits historiques avec les synthèses de l'archéologie ou grâce aux éclairages avec les autres "Sciences Humaines". Sur ces derniers points, il n'est pas possible pour l'instant de présenter des résultats définitifs, qui devraient se montrer dans quelques années du plus haut intérêt.

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Présentation mise à jour en novembre 2022.

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