中国历史
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Partie II Histoire et civilisation de la Chine sous les Empereurs Qin et Han
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1) Règne de Qin Shi Huang Di 6) La fin des Han occidentaux
2) Fin des Qin 7) Wang Mang
3) Intronisation des Han 8) Les Han orientaux
4) La société sous les Han 9) Les Turbans jaunes
5) Han Wen Di et Han Wu Di 10) Règne des Jin
1) Règne de Qin Shi Huang Di L'unification du pays est finalement réalisée par le roi (王 wáng) de Qin (秦), Yíng Zhèng (嬴政). Il prend le nouveau nom d'Empereur Qín Shǐhuángdì (秦始皇帝 : Qin Auguste Empereur ; on le désignait dans une ancienne transcription par le nom de Tsin Ché Houang Ti) à partir de 221 avant notre ère.
À l'échelon central (celui de la Cour et des proches de l'Empereur), le gouvernement de l'ensemble de l'Empire est confié à une troïka (三公 : Sān Gōng, littéralement les trois ducs), constituée du Premier ministre, ou Chancelier des affaires civiles (丞相 : Chén Xiàng), du connétable, ou Chancelier des affaires militaires (太尉 : Tài Wèi, littéralement l'officier suprême) et du censeur (御史 : Yù Shǐ), chargé de surveiller plusieurs centaines de fonctionnaires et de gérer leurs carrières. Cette troïka dirige l'activité de neuf ministres (九卿 : Jiǔ Qīng), dont un chargé de la maison impériale et de son écurie particulière et un chargé des temples et de l'étiquette.
L'Empereur réforme et unifie l'administration du nouvel État : renversant les vieilles structures féodales du pouvoir, il crée 36 préfectures (郡 : Jùn). Leur nombre dépasse 40 un peu plus tard, mais l'on compte en tout 54 noms de préfectures sous son règne. Certains Historiens occidentaux traduisent le mot 郡 par le mot de commanderie, mais il s'agit de la même entité. Chaque préfecture est partagée en districts et en cantons. À chacun des niveaux locaux (préfectures, districts, cantons), une triade semblable à la troïka centrale (三公) supervise l'ensemble des fonctionnaires locaux.
Toutefois, ce système ne s'installe pas tout de suite partout : les structures féodales de l'ancien royaume wei ne cèdent la place que douze ans après l'instauration de la nouvelle administration centrale.
L'uniformisation des poids, des mesures, de la monnaie et de l'écriture permet de standardiser toute la vie économique et administrative. Il résulte de ces mesures une impulsion de la vie économique considérable, perceptible sur plusieurs générations. Mais une autre des conséquences à long terme de cette standardisation est l'unité durable, toujours vivace aujourd'hui, d'une écriture unique pour tout le monde chinois, malgré la diversité des parlers locaux.
L'ensemble de ces réformes permet de programmer et de gérer de multiples grands travaux. La priorité est portée sur la création d'un grand réseau unifié de routes et de canaux (comme la route de XianJiang à JyuYuan dans le nord du royaume). Un tout nouveau canal, le lingqu (灵渠 : Líng Qú, selon l'appelation actuelle) entre le YangTsé et le ZhuiJiang, permet sur moins de 40 kilomètres de relier le bassin du fleuve YangTsé (appelé aussi, 长江 : ChángJiāng) et le réseau de la Rivière des Perles (珠江 : ZhūJiāng). L'enjeu est de relier par voie fluvuale les plaines centrales du nouvel empire au nord et la Mer de Chine au sud. Mais bien d'autres routes et canaux sont édifiés sous l'Empereur, d'abord pour des raisons militaires (la circulation des troupes). Mais dès leurs réalisations, ces grands travaux servent aussi à la circulation des fonctionnaires civils et des marchandises.
Qin Shi Huang Di s'est illustré aussi dans l'embellissement de sa capitale, XianYang (咸阳 : Xiányáng), où il ordonne aux 120 000 familles les plus riches et les plus influentes de la nouvelle Chine de s'installer. Il agrandit et embellit sa capitale par des constructions fastueuses (comme celles des palais royaux des six souverains défaits, reconstruits le long de la rivière Wei). C'est aussi dans sa capitale qu'il fait apporter toutes les armes prises et récupérées dans les royaumes défaits pour les détruire.
Le premier Empereur unifie également l'ensemble des fortifications qui protégeait les différents royaumes (Yan, Zhao et Qin) des incursions turco-mongoles du nord, donnant ainsi naissance à la Grande Muraille. Toutes ces constructions (palais, Grandes Murailles, autres constructions) mobilisent jusqu'à 700 000 paysans.
Mais le régime se durcit et devient dictatorial. Ainsi, les critiques de certains Lettrés, regrettant l'ancien régime féodal, lors d'un banquet à la Cour en 213, déclenchent une haine du régime pour l'Histoire et les autres disciplines du savoir qui ne sont pas franchement acceptées par le nouveau souverain. Cet incident amène à la pénalisation, à la recherche et à la destruction de tous les ouvrages qui ne sont pas autorisés, entrainant la perte de tous les livres d'Histoire autres que ceux des Qin, de la plupart des ouvrages de poésie ou de philosophie, de très nombreux ouvrages de science ou de technique, voire d'alchimie et de médecine... À partir de 212, la détention de livres interdits est condamnée par des peines de prison, les livres défendus doivent être brûlés par leurs propriétaires, les familles partagent les peines des contrevenants etc. La même année, une sordide affaire d'alchimie et de sorcellerie visant l'Empereur finit par l'exécution de 460 savants (enterrés vivants).
Cette "chasse aux sorcières" aboutit à la destruction irrémédiable d'une part capitale des connaissances historiques ou culturelles de la Chine d'avant l'unification. Le modèle ancien de l'éducation noble, soit la pratique des six arts (à savoir la connaissance des rites, la pratique de la musique, le tir à l'arc, la charrerie et l'équitation, la calligraphie et les mathématiques), n'existe plus après l'Empereur Qin.
Obnibulé par ses propres superstitions, sa peur de la mort et certaines recherches alchimiques, l'homme qui a réussi à fonder l'Empire chinois meurt en 210, alors qu'il recherche l'élixir de Longue Vie. Son lieu de sépulture, longtemps resté dans l'oubli, est maintenant connu par les fouilles de XiYang.
2) Fin des Qin À la mort de l'Empereur, une conspiration de palais pousse au suicide le prince héritier, Fu Su et intronise son plus jeune frère, Hu Haï (胡亥 : Hú Hài). Ce dernier, proclamé Qin II ( 秦二世 : Qín Èr Shì), est encouragé par le Palais à une vie de débauche et à se détourner des affaires publiques. De nombreux anciens ministres de l'Empereur précédent sont amenés à se suicider, comme une grande partie des membres de la famille impériale. Comme par ailleurs la révolte gronde contre la tyrannie héritée de l'Empereur Qin, la Chine entière entre dans une phase d'anarchie.
Qin II disparaît, non sans avoir exécuté le dernier responsable du suicide de son frère. Un de leur parent (peut-être un neveu) reste le dernier survivant de la dynastie Qin, ZiYing. Empereur durant 46 jours, en 206, il dépose les armes devant l'un des chefs des insurgés, né paysan, Liu Bang (刘邦 : Liú Bāng), avant d'être tué à son tour.
Pendant ce temps, l'un des descendants des anciens rois de Chu, Huaï II, dit aussi "l'Empereur Yi de Chu", profite de la dislocation de l'Empire Qin, essaye de rétablir le royaume de ses ancêtres. L'un de ses généraux, peut-être un lointain parent, Xiang Yu, prend de l'ascendant dans son royaume, devient l'un des généraux de Chu, au même titre que Liu Bang. Mais les deux stratèges suivent des choix différents. Xiang Yu vainc la dernière armée fidèle aux Qin, décide de découper l'Empire en 18 royautés. À partir de 206, Liu Bang défait ou rallie les nouveaux "rois" les uns après les autres. Cette guerre de reconquête et de réunification aboutit à l'affrontement entre les armées Chu de Xiang Yu et celles coalisées de Liu Bang. Après de nombreux affrontements (dont six batailles importantes), Xiang Yu se voit battu, son armée décimée puis mise en déroute. Réduit à chercher le salut dans la fuite, il se laisse égarer en pays adverse. Après une série d'actes de bravoure désespérée, il se suicide, laissant Liu Bang seul vainqueur (Bataille de GaiXia, 垓下 soit Gāixià, en décembre 202).
Liu Bang, devenu Empereur Gao Zu (高祖), fonde la dynastie Han (汉朝 : 202 avant l'ère commune à 220 de notre ère). La Chine réunifiée connaît son premier "âge d'or".
3) Intronisation des Han Le nouvel Empereur rétablit une partie du cadre impérial autrefois construit par l'Empereur Qin. Ainsi, le cadre administratif est restauré. Mais les impôts sur les paysans sont diminués, ceux sur les commerçants sont fortement augmentés et leur activité restreinte. Les Chinois qui se sont vendus en esclaves pour survivre sont émancipés. Les soldats sont dispensés de corvées. Toutes ces mesures répondent à une volonté de reconstruire le pays, de mettre fin aux abus du régime Qin sur sa fin, de calmer les anciennes violences populaires qui se sont déchaînées durant la décennie précédente.
Gao Zu établit une loi, connue sous le nom de Code des Han en neuf articles (漢律九章 : Hàn lǜ jiǔ zhāng), expurgée de l'ancien code de lois Qin. Le texte originel, aujourd'hui perdu dans sa rédacton initiale, reprend et humanise la loi Qin sur "les six chapitres" : sur la piraterie (en défense des droits de propriété), sur les voleurs (sur la sécurité collective ou personnelle), sur la procédure pénale (poursuite et punition des coupables), suivi de plusieurs compléments, auxquels Gao Zu rajoute une loi sur les ménages (mariage, fiscalité, enregistrement), la loi Xing (sur les corvées) et la "loi des écuries" (sur l'élevage des chevaux et des bovins).
Par ailleurs, il contribue personnellement à la compilation d'un corpus sur l'art militaire regroupant 182 textes.
-- D'une manière générale, le redressement du pays est effectué partiellement sur la base de principes confucéens, mais une place est toujours faite aux doctrines Huáng Lǎo (黃老), avec des thèmes d'inspirations légiste ou taoïste.
En matière de politique extérieure, Han Gao Zu ne parvient pas à maîtriser la confédération barbare des XiongNus par la force, mais par la diplomatie matrimoniale (et l'alliance des princes barbares avec des femmes de la famille impériale).
D'un caractère fougeux, même quand vient l'âge, Han Gao Zu veut répudier l'impératrice en titre et déshériter leur enfant, le prince Liu Ying (劉盈), pour son amour tardif de la concubine Qi (戚) et de leur fils Liu Ru Yi (劉如意). Cet amour de vieillard est contrarié par le conseil des ministres et l'Empereur maintient l'ordre de succession initial. Han Gao Zu meurt des suites d'une blessure reçue lors d'un combat avec l'armée d'un prince rebelle, en 195 avant l'ère commune. Liu Ying lui succède sous le nom impérial de Han Hui Di (漢恵帝 : Hàn Huì Dì), laissant sa mère l'impératrice douairière liquider son ancienne rivale et le fils de celle-ci.
Pendant les quinze ans qui suivent, les règnes des Empereurs Han Hui Di et de ses deux successeurs sont effacés des chroniques officielles, leurs noms indiqués seulement pour mémoire. Il est vrai que ces trois règnes sont autant de prête-noms à la souveraine de fait, l'Impératrice douairière, veuve de Gao Zu, experte en despotisme et en cruauté.
4) La société sous les Han À l'époque où les Han prennent le pouvoir, la société chinoise se développe dans une pyramide socio-politique très stratéfiée. À la tête de cette structure, l'Empereur domine comme Fils du Ciel (天子-: TiānZǐ), immédiatement suivi, selon le cas de ses grand-mères, de sa mère, l'Impératrice en titre et les concubines, puis du reste de sa famille. Les frères, cousins agnatiques et neveux sont titulaires de royautés vassales. Après la famille impériale (le clan Liu), suit le reste de la Cour.
La place des eunuques (gardiens du Harem impérial) est fluctuante selon les règnes : si le rôle de l'eunuque Shi Xian (石顯 : Shí Xiǎn), officiellement Maître des Écrits du Palais (中尚書 : Zhōng ShàngShū), reste éminemment décisif durant le règne de Han Yuan Di (entre 48 et 33 avant l'ère commune), ce serviteur est promptement congédié de son rôle dès la succession au trône en faveur de Han Chen Di. Jusqu'en 92 de notre ère, ils ne jouent plus aucun rôle politique. Ils reviennent en force lors du coup d'état en faveur de l'Empereur Han He Di et occupent un rôle grandissant et même menaçant jusqu'en 189, quand ils sont décimés par le général Yuan Shao, à la veille de l'éclatement de l'Empire Han.
Les fonctionnaires et les nobles sont en concurrence en matière de pouvoir et de position sociale. Les trois Excellences (三公 ou les Trois Seigneurs) et les neuf ministres (九卿 : Jiǔ Qīng) dirigent la hiérarchie des fonctionnaires, depuis le règne de l'Empereur Qin jusqu'à l'abolition de cette structure en 208 de l'ère commune par le seigneur de la guerre Cao Cao, au début de l'époque des Trois Royaumes. Entre-temps, les trois Seigneurs et les neuf ministres dirigent et gèrent toute l'administration de l'Empire.
Le statut de la noblesse tient en deux termes principaux : d'une part, il relève d'une structure féodale qui, à l'époque des Han, se retrouve assez comparable à la féodalité que l'Europe médiévale connaîtra par la suite - et qui nous est mieux connue en France pour des raisons évidentes - et d'autre part, il relève du système de hiérarchie de dignités de vingt rangs (二十公乘 : èrshí gōng chéng, du rang le plus élevé et vingtième, - 彻侯 : Chè Hóu : Marquis de plein droit - au plus élémentaire, le premier, celui de "Getilhomme" - 公士: Gōng Shì). Plus le rang est élevé, plus le noble reçoit un traitement annuel considérable (payé par la Cour), d'autres avantages (parts de tableau de chasse ou exemption de la corvée due), moins la punition pénale pour un crime ou délit est importante. Les huit premiers rangs sont accessibles à tout homme libre de l'Empire et l'attribution des rangs est la source de bien des corruptions. La féodalité chinoise est organisée auprès de rois et de marquis, vassaux de l'Empereur, souvent de sa famille. D'eux dépendent différents nobles, disposant de fiefs et de rentes. L'on peut reconnaître leur généalogies sur plusieurs degrés ou dizaines de degrés. S'ils n'ont plus de rôle politique tant que l'Empire est fort, ils disposent d'une part des prélèvements fiscaux récoltés sur les domaines dont ils héritent ou qui leurs sont attribués. Mais en raison de leur notoriété ou de leur richesse, l'Empereur et la Cour peuvent les contraindre à certaines obligations (devoir déménager - à leurs frais - près de la Cour, par exemple). Les deux hiérarchies (celle des vassalités et celle des rangs) se conjuguent en partie l'une l'autre.
Les Lettrés forment une classe intermédiaire. Ils sont souvent fils de nobles ou fonctionnaires.
Les roturiers
Les esclaves et les exclus
5) En 180, l'année suivant la mort de l'Impératrice douairière, une révolution de palais permet l'élimination de l'Empereur fantoche Han Hou Shao Di, puis à donner le pouvoir à l'un des derniers fils survivants de Han Gao Zu, Han Wen DI (漢文帝 : Hàn WénDì). Lui puis son fils Han Jing Di pratiquent la politique du non-agir (無为 : wú-wéi, en caractères simplifiés 无为). Ce concept de morale taoïste consiste à ne pas réagir contre la logique des événements, ce qui n'est pas du tout comparable à l'inaction : Wen Di réussit par la diplomatie à empêcher une rébellion des princes fieffés de l'Empire. Son fils Jing Di anticipe sur un soulèvement de ses frères et cousins et, en 157, réorganise autoritairement leurs royaumes et duchés. Il s'en suit une révolte qualifiée par les Historiens de "Rébellion des sept États" (七国之乱 : qīguó zhī luàn). Mais la rébellion ne dure que trois mois et les princes rebelles, défaits un à un, sont exécutés ou se suicident. Plus tard, en 147, Han Jing Di publie un édit restreignant drastiquement les pouvoirs administratifs des princes (qui ne bénéficient plus ni d'un gouvernement local, ni d'un personnel administratif indépendant). Par ailleurs, le même Empereur diminue les impôts, favorise l'agriculture et l'irrigation.
Le règne de son fils Han Wu Di (漢武帝, en caractères simplifiés 汉武帝, Hàn Wǔdì) dure 54 ans, de 141 à 87 avant l'ère commune. Mais les premières années sont difficiles, car il est menacé par les intérêts de sa toute-puissante grand-mère, l'Impératrice douairière Dou et le noyautage de la Cour et de l'appareil d'État par les féodaux à la solde des grandes lignées royales ou ducales. L'Empereur est aussi fragilisé car aucune épouse ne lui donne d'héritier de la lignée royale. Une toute première série de réorganisations (les Réformes JianYuan, 建元新政 : Jiàn yuán xīnzhèng nouvelle donne de l'établissement primordial) échoue face aux conservatismes coalisés. Ces conseillers sont écartés (Dou Ying, 竇嬰 et Tian Fen, 田蚡) ou forcés de se suicider ( Wang Zang, 王臧 et Zhao Wan, 趙綰). Toutefois, dès 138, la situation de l'Empereur commence à s'améliorer. D'une part, il infiltre l'administration hostile aux réformes, grâce à une équipe de fidèles connus sous le nom d'initiés de la Cour (內朝 : nèi cháo), d'autre part, il contourne le lourd protocole contrôlé par l'Impératrice douairière (Dou) pour intervenir dans une guerre féodale et s'imposer aux deux belligérants. Enfin, la naissance d'un premier enfant, né d'une concubine, détruit le mythe de l'infertilité de l'Empereur. En 135, le décès de l'Impératrice douairière permet de lever le dernier obstacle.
Wu Di peut alors pratiquer librement son programme. D'une part, il diminue encore le pouvoir des rois et des princes en mettant fin au principe de la primogéniture : à la mort d'un vassal de l'Empereur, son état est divisé à égalité entre tous ses fils, permettant le morcellement des fiefs et l'annihilation de leurs puissances politiques. Seul le titre de roi, devenu symbolique, reste l'apanage du fils aîné d'un roi défunt. D'autre part, il reprend le programme confucéen de ses conseillers, au point de transformer les théories de cette école en véritable idéologie officielle de la Cour et de la fonction publique.
Entre 141 et 118, Wu Di interdit progressivement la frappe libre de la monnaie (ce qui se produisait avant) et en fait un monopole de l'État Impérial, au cours de six réformes monétaires successives. En 118, il se fixe sur la pièce de 5 bahts en bronze (五銖 : wǔ zhū, c'est-à-dire de 3,25 grammes), qu'il fait produire jusqu'à près de 220 millions d'exemplaires par an. De la même manière, il impose un monopole des circuits économiques du fer et du sel, de même qu'une gestion des stocks de céréales éradiquant la spéculation.
À cette date, un ouvrier peut gagner en moyenne 150 zhu par mois, un marchand 2 000 zhu. Cette pièce de monnaie devient la base du système monétaire pour plus de sept siècles. La capitation de change pas (120 pièces par adulte, 20 à 23 pièces par adolescent). D'autres réformes fiscales interviennent, dont l'imposition supplémentaire des marchands ou des artisans les plus riches (une taxe en plus de 120 sapèques* pour les artisans gagnant plus de 4 000 sapèques* par mois, de 240 sapèques* pour les marchands dans la même situation, doublement des taxes d'immatriculation des véhicules des marchands riches). Tous les contribuables doivent déclarer eux-mêmes leurs biens, mais en cas de fraude, lors d'un contrôle, la peine est la confiscation de tous les biens du coupable (domestiques et maisons compris) et l'obligation de deux ans de service militaire à la frontière de l'Empire.
* Il semble que l'auteur de cette référence (BAI ShouYi Précis d'Histoire de la Chine Pékin 1988, page 148) ou le traducteur aurait confondu sapèque et wuzu, car sinon, sur la base de 1 000 sapèques = 1 tael = 37 g d'argent, on aurait 1 000 sapèques = (37/3,25) wuzu = 11,385 wuzu soit 1 wuzu = 87,835 sapèques et la valeur de 4 000 sapèques serait de 45,538 wuzu, ce qui semble peu comme base d'imposition en tant que grande fortune et tout ouvrier paierait cette taxe. Jusqu'à plus ample informé, le webmestre estime, peut-être à tort, que les auteurs ont voulu dire 120 wuzu, 4 000 wuzu, 240 wuzu...
Cette régulation des fortunes personnelles et la centralisation de l'Empire permet le développement d'une véritable ère de prospérité. En conséquence, l'Empire se renforce et les rentrées fiscales abondent. Elles permettent notamment la réalisation d'importants programmes d'explorations et de conquêtes. Entre les années 130 et 100, les généraux de Han Wu Di annexent, occupent ou imposent leur domination de nombreuses entités politiques vers tous les points cardinaux : au nord, pas moins de six expéditions militaires de premier ordre imposent en 121 la création de cinq commanderies en plein territoire XiongNu, alors que des incursions chinoises parviennent jusqu'aux rives du Lac Baïkal en 119.
Au sud, entre 112 et 109, cinq royaumes sont annexés à l'Empire (notamment ceux de MinYue et de NanYue, puis de Dian), portant la domination Han jusqu'à des terres situées actuellement au Vietnam.
À l'ouest, l'expédition de Zhan Qian permet d'explorer le cours du Tarim en 128. Une première ambassade chinoise envoyée dans le royaume occidental de DaYuan (la Sogdiane), destinée à approvisionner l'armée Han en chevaux de combat, réputés pour leurs qualités, tourne court et se fait massacrer. En rétorsion, Li GuangLi lance son expédition de 104, qui échoue. La deuxième expédition, dotée d'un équipement hors normes (60 000 hommes, 30 000 chevaux, 100 000 bœufs, 20 000 ânes et chameaux), vainc l'armée du DaYuan, emporte 3 000 chevaux de Sogdiane, soumet les roitelets du bord du Tarim. Mais le retour de l'expédition est un désastre, seuls 10 000 hommes et 1 000 chevaux aptes au service entrent en Chine. Malgré les pertes immenses du retour, les survivants sont célébrés comme des vainqueurs, couverts de titres et de cadeaux. L'Empereur Han en retire un renom considérable et durable dans toute la Haute-Asie. Cet épisode est connu sous le nom de Guerre des chevaux célestes (天马之战 : Tiānmǎ zhī Zhàn). Les relations commerciales et diplomatiques s'installent pour longtemps, ouvrant la route de la soie qui permet jusqu'au XIXe siècle les communications marchandes avec la Perse et la Russie, au delà avec l'ensemble de la Méditerranée et de l'Europe.
A l'est, une expédition en 108 annexe le nord de la Corée, mais les quatre préfectures créées alors sont abandonnées peu après. Toutefois, des établissements chinois y sont attestés par l'archéologie jusqu'au quatrième siècle de l'ère commune.
Dès les années 120 et jusqu'au décès de l'Empereur Wu, le gouvernement de la Chine se durcit. En 106, l'Empereur réorganise tout le territoire de l'Empire (englobant les préfectures comme les fiefs) en 13 régions, chacune d'elles supervisées par un inspecteur itinérant, responsable de la surveillance de l'administration des fonctionnaires et des féodaux. Dans le même temps, l'humeur de l'Empereur devient plus despotique, tant dans l'exercice du pouvoir que dans ses relations personnelles (en famille ou avec ses proches). En 117, l'exécution de l'ancien ministre de l'agriculture pour des raisons imaginaires (un prétendu complot) terrifie toute la Cour et les fonctionnaires. Ceux-ci à leur tour font régner la terreur dans leurs circonscriptions, comme le massacre gratuit de 200 prisonniers dans la ville de DingXiang par un dénommé YiZong.
Durant les dernières années, Wu Di entend réserver pour lui seul les enseignements de la magie et de l'alchimie (notamment la quête d'immortalité). Il persécute cruellement les mages, sorciers ou alchimistes qui ne se mettent pas à son service exclusif. En 99, Sima Qian, le fameux Historien, ayant malheureusement pris la défense d'un ami fonctionnaire accusé de trahison, doit choisir entre la castration et le suicide (il choisit la castration pour continuer son œuvre). En 96, les craintes qui inspirent à l'Empereur un cauchemar dégénèrent en une "chasse aux sorcières" où des centaines de hauts fonctionnaires sont exécutés avec tout leurs clans.
Des différents politiques surgissent entre l'Empereur et son fils le prince héritier Ju, sont instrumentalisés par la Cour et de faux rapports achèvent de brouiller l'Empereur et le prince. Finalement, le prince Ju, encerclé dans un refuge de circonstance, préfère se suicider, avant que les gardes ne tuent ses enfants, au grand désespoir de l'Empereur (en 91). Sur les douze premiers ministres qui l'ont loyalement servi, quatre sont exécutés (trois pendant leur activité, un après sa retraite) et deux sont contraints de se suicider...
L'Empereur Han Wu Di meurt en 87, transmettant l'Empire à son dernier fils, qui devient Empereur à l'âge de huit ans.
Malgré la paranoïa qui entache les dernières décennies de ce règne d'une insupportable terreur, cette époque connaît une prodigieuse floraison culturelle et intellectuelle. La restauration de l'Empire se construit selon l'idéologie développée par les Confucianistes. C'est aussi un temps exceptionnel pour le développement de la musique et de la poésie chinoises, intimement liées, étroitement reliées à la religion impériale. Lea musique se voit gratifiée d'un Bureau de Musique en 177, remanié en 120.
La poésie chinoise explore plusieurs écoles d'écritures. Une partie des Chants de Chu (l'ancien état indépendant du centre de la Chine actuelle), dénommés aussi Chuci (楚辭 : Chǔ Cí) est notoirement rédigée par des poètes contemporains de Wu Di, certains même peut-être par Liu An (刘安 : Liú Ān), roi de HuáiNán (淮南王). L'autre partie de ces poèmes remontant à la période des Royaumes Combattants et sert de modèle aux pièces datant des Han. Ce recueil disparate est composé d'élégies d'inspirations chamaniques ou taoïstes, ou évoquant la fuite du monde. L'époque voit également l'éclosion du style fu (赋 : fù), notamment les poèmes érotiques évoquant des relations amoureuses entre les déesses et les mortels. Mais les poésies de Sima XingRu (司馬相如 : Sīmǎ XiāngRú) évoquent également les splendeurs des parcs impériaux. Le style YueFu (乐府 : YuèFǔ) est spécifiquement développé par le Bureau de Musique, dont la vocation est triple : composer des hymnes accompagnant les sacrifices impériaux, composer la musique de la Cour et collectionner les chansons populaires (initialement, pour surveiller l'attitude des peuples de l'Empire vis-à-vis du Souverain). Son style spécifique est de créer de la poésie avec des vers de quatre ou cinq caractères, ultérieurement de sept.
L'on évoquera ici encore l'œuvre immense de Sima Qian qui, malgré sa disgrâce, met un point d'honneur à achever le Shiji et ses 130 volumes.
6) La fin des Han Occidentaux De 87 à 9 de notre ère, le deuxième siècle de la dynastie Han commence par la régence qui suit la mort de Han Wu DI : l'héritier du trône, l'Empereur Han Zhao Di ( 汉昭帝 : Hàn Zhāo Dì) n'a que huit ans. Le conseil de régence est constitué du militaire Huo Guang ( 霍光 : Huò Guāng), du prince XiongNu Jin Midi (金密低 : Jīn MìDī) et de ShangGuan Jie (上官桀 : ShàngGuān Jié). Sauf que Jin MiDi meurt en 86 et que les trahisons de ShangGuan Jie amènent Huo Guang à l'exécuter en 80. Désormais, ce militaire reste le seul à exercer la régence de l'Empire. Après la mort naturelle de Han Zhao Di encore jeune et le congé rapide donné à son successeur le prince He, jugé incapable de régner en raison de son impiété et de son incurie, le trône échoit au petit-fils de Zhao Di, l'Empereur Han Xuan Di ( 汉宣帝 : Hàn Xuān Dì). Après la mort naturelle du régent, en 68, l'Empereur élimine tout son clan, qui avait prit trop d'importance dans la gestion de l'État, mais le régent défunt est divinisé, et vénéré à Shanghaï jusqu'à aujourd'hui.
Han Xuan Di a été autrefois élevé loin de la Cour à la suite des intrigues entourant le suicide du prince Ju, son grand-père paternel. Il éprouve constamment un véritable souci de savoir comment vivent ses sujets, comme l'attestent ses correspondances avec le Général Zhao ChongGuo (趙 充 國). Malgré les propositions flatteuses, il refuse de profiter de la guerre civile qui ravage le royaume des XiongNu et réussit à se faire des alliées de ces tribus belliqueuses. Les annales historiques rapportent que (sous son règne) "les fonctionnaires étaient compétents et la population vaquait en paix à ses activités". L'Empereur s'éteint en 48 avant l'ère commune.
Son fils et successeur Han Yuan Di règne durant les 15 années qui suivent. Les chroniqueurs rapportent plusieurs faits troublants. Une inquiétude certaine du peuple se manifeste sourdement, sur un ton mystique, par la mention de plusieurs faits sensés être rapportés (apparitions "de phœnix fabuleux" et de "chevaux dorés" etc.). L'administration de l'Empire se partage de plus en plus entre deux partis, les Confucianistes radicaux et la "faction de la Cour". Les Confucianistes ont pour eux la tradition de l'exercice du pouvoir sous le long règne de Han Wu Di. Ils proposent un retour aux comportements de la tradition politique Zhou. La "faction de la Cour" puise son énergie de sa proximité avec les plus hauts fonctionnaires de la Cour sous son successeur. Ses dirigeants cherchent à continuer la tradition de gouvernement des Han, alliant l'inspiration légaliste des premiers Han et une part de Confucianisme dans la gestion de l'État. Mais cette opposition entre les deux écoles vire sous le règne de Han Yuan Di à un schisme dans l'administration. Pendant ce temps, le retour en force de la féodlité et l'exacerbation des inégalités crée une situaton sociale explosive.
Les travaux académiques sont ralentis. L'on remarque malgré tout la constitution d'un catalogue de la bibliothèque impériale par deux lointains cousins des Empereurs (Liu Xiang et son fils Liu Xin), dénommé Qi Lue (七略 : qī lüè, c'est-à-dire les sept plans) constitué d'un classement et d'un résumé de chacun des documents. Chaque document est noté avec le nom de son auteur, une notice sur le contenu résumé, la valeur académique du livre, enfin la procédure de sa relecture. Les sept plans sont les six catégories dans lesquels les livres sont classés, à savoir : les livres canoniques (rituels, poésie et musique religieuses, plus les Annales des Printemps et Automnes, les livres de Confucius etc.), les livres des différentes écoles philosophiques, les livres de poésie (Fu etc.), les livres de stratégie, de tactique et les documents militaires, les livres d'astronomie, de mathématique, de sciences, la théorie des cinq éléments etc., enfin les livres de médecine et d'alchimie. Une septième catégorie répertorie l'ensemble des branches et sous-branches de ce classement. D'autres travaux sont dus à Liu Xin, comme une meilleure approximation de π (qui passe dans les calculs de 3 à 3,1547 et dont la valeur réelle approchée est 3,141593). Le même savant réalise des travaux d'astronomie (de calendriers notamment) et de philosophie.
7) Carrière de Wang Mang La première crise éclate lors de la minorité de l'Empereur Han Ping Di (汉平帝 : Hàn Píng Dì), âgé de 9 ans lors de son accession au trône. L'Impératrice douairière, Wang Zheng Jun (王政君 : Wáng Zhèng Jūn), descend de la famille des anciens roi de Qi ralliée à la haute fonction publique durant les premiers règnes de la dynastie Han. Plusieurs membres de la famille de l'Impératrice obtiennent de hauts postes dans l'appareil d'État, dont son neveu Wang Mang (王莽 : Wáng Mǎng). Alors que Wang Mang progresse dans l'appareil d'État, la famille patrilinéaire Wang se distingue par cinq sima (Maréchaux de camp) et neuf Marquis... Après une éclipse politique due à des minorités d'Empereurs, il est remarqué pour sa rigueur morale et son comportement confucéen. Il est appelé par sa tante l'Impératrice douairière à la fonction de régent du jeune Empereur. Il est couvert d'honneurs (duc d'Anhan, 安漢公 : Ān Hàn Gōng). Sa fille encore enfant épouse l'enfant Empereur. Il devient en plus premier ministre. Puis, le jeune Empereur, malade, meurt en l'an 6 de notre ère. Bien qu'un enfant de deux ans soit déclaré Empereur, le rôle politique de Wang Mang grandit encore, orchestré par une propagande incessante, notamment religieuse. Finalement, en l'an 9, il "accepte" le "mandat du ciel", qui est déclaré avoir abandonné la dynastie Han pour lui.
Le nouvel Empereur appelle sa dynastie Xin (新 : xīn, c'est-à-dire nouveauté). Le nom de l'ère impériale qu'il décrète se nomme shijianguo (始建國 : shǐ jiànguó c'est-à-dire fondation de l'État). Son programme est qualifié de xin zheng (新政 : xīnzhèng c'est-à-dire nouvelle politique). En pratique, il applique une doctrine d'inspiration confucéenne prônant la redistribution des terres sur un modèle collectiviste, par unités de huit familles et le retour aux monopoles du fer et du sel, auquel il ajoute l'alcool. Il collectivise les terres non cultivées et les forêts et abolit le libre-échange.
La multiplicité des réformes, leurs révisions ou révocations trop fréquentes, la coalition des intérêts attaqués, commence de susciter des mécontentements. La pagaille dans la multiplication des pièces de monnaie (de 28 sortes, en divers métaux ou en coquillages) et l'incapacité du pouvoir à lutter contre la fausse-monnaie achève de ruiner à la fois l'État et les particuliers.
En 16, une série d'humiliations diplomatiques de la Cour blesse l'orgueil des princes inféodés de l'Empire : un changement de protocole rabaisse un grand seigneur du sud, le prince de Juting (句町王) au titre de marquis, même erreur au nord ou un marquis du nord (de Gaogouli) voit en plus transformer son titre en une formulation péjorative à la suite d'un différent politique.
Depuis l'an 12, des mauvaises récoltes ou d'autres catastrophes (inondations) provoquent des famines. Les émeutes locales se multiplient. Le problème change de dimensions quand, en 17, sept révoltes importantes éclatent en même temps, sur la côte orientale et au centre de la Chine (Jiangsu, Shandong, Hubei), alors qu'une crise diplomatique s'aggrave considérablement entre Wang Mang et les XiongNus. Les mouvements de l'est se coalisent dans la révolte des Sourcils Rouges (赤眉 : Chìméi), du fait de leur signe de reconnaissance, ceux du centre dans celle des Lulins (綠林 : Lùlín). Rien n'étant réglé, l'Empire s'enfonce dans une situation de plus en plus explosive. En 22, l'un des lointains descendants des Liu, Liu Yan, installé dans le Hubei, accepte de prendre la tête de l'une des rébellions, suivi plus tard par son frère Liu Xiu. La rébellion prenant encore de l'ampleur, les chefs des révoltés Lulins préfèrent choisir comme nouvel Empereur un lointain cousin des deux frères, Liu Xuan, apparemment plus insignifiant, qui prend comme nom impérial de Gengshi. Durant l'été 23, Wang Mang réunit une immense armée de 430 000 soldats, fatigués, démoralisés et mal commandés, contre les 10 000 révoltés de Lulin, commandés par Gengshi. Le connétable Wang Xun meurt au combat dans un engagement mineur au siège de KunYang, finissant de démoraliser l'armée surpuissante de Wang Mang. Celle-ci de débande et les déserteurs, en voulant s'enfuir, se noient en masse dans les inondations. La nouvelle de l'effondrement de l'armée Xin se répand dans tout l'Empire, déclenchant une Révolution générale contre Wang Mang. Finalement, ce dernier est tué et décapité dans son palais de Chang'An le 6 octobre 23. Mais les Sourcils Rouges n'arrivant pas à s'entendre avec les Généraux de Gengshi, les troubles continuent jusqu'à l'étranglement du nouvel Empereur Han, en 25. Finalement, Liu Xiu se proclame Empereur sous le nom de Han Guang Wu Di (汉光武帝 : Hàn Guāng Wǔ Dì). Il fonde la dynastie des Han orientaux, autour de la nouvelle capitale, Luoyang, au prix de l'élimination de 11 autres prétendants, entre 25 et 33.
8) Les Han orientaux Une fois l'Empire réunifié, Han Guang Wu limite aussi bien les expéditions militaires et la production de lois. Du point de vue militaire, il est intervenu en 40 dans le sud de l'Empire, dans les régions aujourd'hui sous souveraineté vietnamienne, pour réduire le royaume des sœurs Zheng Ce et Zheng Er (徵 側 et 徵 貳, de leurs noms vietnamiens Tru'ng Trắc et Tru'ng Nhị). Sur les frontières du nord, il se borne à quelques expéditions mineures contre des XiongNus, pour arrêter leurs raids dans les préfectures septentrionales. En matière législative, il refuse de rehausser les peines de justice contre les délits et les crimes.
En ce qui concerne la fiscalité, Han Guang Wu promulgue en 39 un édit ordonnant la vérification générale du travail de défrichement ainsi qu'un recensement. Mais devant les falsifications générales, tant des fonctionnaires que des propriétaires ou des paysans, il n'entreprend aucune réforme envisagée, se limitant à émanciper une partie des esclaves.
Vis-à-vis des féodaux, il entreprend de leur octroyer des titres prestigieux et des fiefs, sans réels pouvoirs. Mais il centralise encore plus l'appareil d'État et la prise de décisions à la Cour.
Han Guang Wu décède en 57 de l'ère commune. Son fils lui succède sous le nom impérial de Han Ming Di (汉明帝 : Hàn Míng Dì). Ce règne est caractérisé du point de vue économique par le développement des exportations de la soie, d'abord vers le Japon ensuite vers l'ouest, où l'Empire parthe arrive à monopoliser son commerce vers l'Empire romain. Mais le contact direct vers celui-ci (dénommé 大秦 : Dà Qín en mandarin) n'est pas possible avant 166, malgré une expédition de 70 000 hommes dirigés par le Général Ban Chao (班超 : Bān Chāo) en 97. Cependant, les Han retrouvent leur prestige et leur souveraineté sur les cités du Tarim grâce à l'énergie et à la ruse cruelle du Général (qi tue les ambassadeurs XiongNus).
Han Ming Di, puis son fils Han Zhang Di, renforcent considérablement la place du Confucianisme dans l'Empire-: dès 59 par des conférences sur les classiques de ce courant philosophique, en 60 par la formation d'une école confucéenne pour les enfants de nobles et de fonctionnaires. À la suite d'un rêve, Han Ming Di permet la première implantation du bouddhisme en Chine (grâce à une équipe de 18 religieux dont Kasaypa-Matanga et Dharmaranya) et la fondation du premier monastère (Temple du Cheval Blanc) dans la capitale. C'est là que le moine parthe An Shigao (安世高 : Ān ShìGāo) vient pendant 20 ans entre 150 et 170 et traduit 95 soutras en langue chinoise.
9) Les Turbans jaunes Le fils et successeur de Han Zhang Di, Han He Di, étant mineur à la mort de son père, l'Impératrice douairière assure la régence. Mais après lui, huit de ses successeurs se retrouvent dans la même situation. Parvenus adultes, ces Empereurs cherchent des appuis auprès des eunuques pour contrer le pouvoir un temps exercé par les impératrices, mais trop souvent meurent jeunes : l'Empereur Han Shang Di, souverain à l'âge de cent jours, meurt dans l'année qui suit (106), l'Empereur Han Chong Di, né en 143, devient souverain l'année suivante, meurt en 145, l'Empereur Han Zhi Di, né en 138, lui succède mais meurt après cinq trimestres en 146, avant d'avoir atteint l'âge de huit ans etc. De plus, le parti des eunuques se radicalise, provoquant l'assassinat ou kl'exécutin de nombreux dignitaires de la Cour. Ce processus affaiblit considérablement la monarchie chinoise. Cet effondrement profite aux féodaux et aux grandes fortunes, sur fond d'inégalités croissantes. Dès 107, éclatent les premières révoltes. Durant les 75 ans qui suivent, on en compte plus d'une centaine, de toute ampleur.
Au début des années 180, un médecin itinérant, Zhang Jiao (張角 : Zhāng Jiǎo) fonde avec ses frères Zhang Bao et Zhang Liang une secte taoïste à visée révolutionnaire, dénommée Voie de la Grande Paix (太平道 : TàiPíng Dào). Les révolutionnaires sont dénommés Turbans jaunes à cause de ce signe distinctif. Le mouvement organise plusieurs dizaines de milliers de membres, répartis en 36 sections de 6 000 à 10 000 membres chacune, dans les régions centrales et orientales (Hebei, Shandong, Jiangsu et Anhui), avec des connexions jusque dans la Cour. Son but est de renverser la dynastie Han, jugée décadente et de la remplacer par un pouvoir paysan. Pour des raisons liées aux cycles astrologiques et à la numérologie, le soulèvement est programmé au 5e jour du 3e mois lunaire de l'an 184. Le coordinateur du mouvement, Ma YuanYi est dénoncé et exécuté quelques temps avant la date de l'insurrection. Zhang Jiao et ses frères déclenchent la révolte un mois plus tôt que prévu.
La révolte armée gagne sept régions et mobilise un nombre considérable de troupes, autant du côté des insurgés (nombre mal connu, supérieur à 360 000) que du côté impérial (350 000 hommes). Après un premier succès des Turbans Jaunes à Shaoling (province Yu), les insurgés subissent partout de cuisantes défaites et perdent la plupart de leurs troupes, mais les Généraux de l'Empire mettent près de neuf mois à pacifier le pays. Localement (dans le Shandong et dans le Hubei), des Turbans jaunes sont encore repérés jusque vers 205.
Dans les mois qui suivent l'écrasement principal du mouvement, en 185, de nombreux troubles secouent l'Empire, comme, parmi d'autres, la révolte de la province de Liang, officiellement écrasée en 189 lors de la bataille de ChengCang, sans ramener ni l'ordre ni la paix dans le nord-ouest de l'Empire. À défaut d'une révolte générale, les révoltes locales se multiplient dans tout l'Empire. L'effet conjugué des révoltes paysannes, des sécessions des féodaux et des seigneurs de la guerre, comme des révolutons de palais est désastreux.
En 189, le nouvel Empereur, Han Shao Di ( 汉少帝 : Hàn Shǎo Dì) inquiet du pouvoir grandissant des eunuques, leur envoie le général He Jin, son oncle et frère de l'Impératrice douairière, lequel se fait assassiner. En représailles, le général Yuan Shao mène un raid dans le palais impérial, y tue près de 2 000 eunuques. En 190, malgré la déchéance de l'Empereur et son remplacement par son frère Han Xian Di (汉献帝 : Hàn Xiàn Dì), qui règne théoriquement jusqu'en 220, la réalité politique de l'Empire est le morcellement en une myriade de puissances locales en 190, qui ne se regroupent que progressivement vers 215 pour former trois entités principales dirigées respectivement par Liu Bei, Cao Cao et Sun Qan. Cette composition politique ne cesse d'évoluer jusque vers 266, date à laquelle apparaît la puissance Jin à la place de la seigneurie de Cao (Wei) et qui réunifie l'Empire en 280.
10) L'Empire Jin
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- 2) La période des Six Dynasties (de 220 à 581) voit se produire de nombreux éclatements de la Chine. Caractérisée par l'anarchie grandissante, elle est appelée ainsi du fait de la succession de six dynasties dans le seul royaume du sud. Sa capitale, alors connue sous le nom de JianKang (建康), est la ville dénommée aujourd'hui Nankin (南京). Durant toute cette période, le pouvoir politique est éclaté à l'extrême : en Chine du Nord, cette fracturation atteint son maximum durant la période dite "des Seize Royaumes", entre 304 et 439. La plupart de ces royaumes sont dirigés par des rois appartenant à des dynasties tartaro-mongoles plus ou moins anciennement sinisées. C'est une période de délitement social et d'insécurité amplifiées par de grandes migrations de la population chinoise vers le sud (peut-être 300 000 foyers, ce qui devrait représenter environ 1 500 000 personnes, désertèrent le nord du pays, jusqu'à un tiers de la population localement). Cette période de chaos est aussi un temps de régression culturelle et l'époque où de nombreux Chinois ou assimilés se convertissent au Bouddhisme.
Période suivante : suivre le lien sur la Chine sous les Sui et les Tang