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La Cité interdite
Les Palais d'Été
La Grande Muraille
Le Grand Canal
Visite de Pékin
Visite de Nankin
Visite de Shanghaï

Sur douze lieux d'Histoire de la Chine (aperçus très sommaires)

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La Cité Interdite                           Visite de Pékin                            Visite de Hong-Kong et Macao

 Les Palais d'Été                           Visite de Nankin                          Le Mausolée de l'Empereur Qin

  La Grande Muraille                      Visite de Shanghaï                      Les monastères de Shaolin

   Le Grand Canal                            Visite de Canton                           Les lieux de la Longue Marche

 (En guise de conclusion)

La Cité Interdite représente le cœur de la Cité Impériale, elle-même édifiée au centre de la ville historique de Beijing (北京 : Pékin), la capitale du Nord. Ce site porte sous l'Empire le nom de Ville Pourpre Interdite (城 : zǐjìn chéng), par référence à l'Étoile polaire dénommée en chinois Zǐwēi Xīng (紫微星), la petite Étoile pourpre : la Cité Interdite est en effet le Centre de l'Empire comme l'Étoile polaire le centre du Ciel. Aujourd'hui, la Cité Interdite est dénommée en chinois le vieux palais (gùgōng-).

    Elle est construite de 1406 à 1420 par l'architecte Cai Xin sur les ordres de l'Empereur Míng Yǒnglè (明 永乐), quand le souverain décide de transférer la capitale de Nankin à Pékin. Elle s'étend sur 72 hectares (960 mètres du nord au sud, 750 mètres d'est en ouest), séparée du reste de la Cité Impériale par une muraille de 10 mètres de haut sur 6 de large, des douves larges de 52 mètres etc. C'est dire à quel point elle est monumentale. Résidence de l'Empereur et de sa Cour jusqu'en 1911, nul autre n'avait le droit d'y rentrer ni même de la regarder. C'est aujourd'hui un ensemble muséologique central pour l'Histoire et l'art classique chinois. 

     L'ensemble des jardins et des pavillons qui la composent s'ordonne autour du Pavillon de l'Harmonie Suprême (太和殿 : Tài Hé Diàn), la salle du trône, au sud et le Pavillon de la Pureté céleste (乾清宫 : Palais Qiangqing), au nord, d'abord résidence privée de l'Empereur puis sa salle d'audience officielle.

     Outre son immense intérêt architectural, la Cité Interdite accueille aujourd'hui plusieurs musées (céramique, peintures, bronzes, jades, sans oublier un musée de l'horlogerie mondiale), regroupant en tout plus d'1 800 000 objets. Elle accueille aussi plusieurs centres académiques. Mais une grande partie des objets originels et des archives subsistantes de la dynastie Qing ne se trouve plus à Pékin : ces trésors ont été emportés en 1947 par Tchang Kaï-chek à Taïwan, où ils forment le fond initial des presque 700 000 pièces d'art et 400 000 documents d'archives du Musée National de Taïpei.

       La Cité Interdite figure depuis 1987 au Patrimoine mondial de l'Humanité.

Les Palais d'été, l'ancien et le nouveau, sont situés à une quinzaine de kilomètres du nord-ouest de la Cité Interdite. Tous deux méritent, à de nombreux titres, de figurer dans l'Histoire de la Chine. L'ancien est connu sous le nom de Jardin de la clarté parfaite ( 圆明园 : Yuánmíng Yuán), ou plus familièrement, Jardin des Jardins (万园之园 : Wàn Yuán Zhī Yuán). À l'époque de sa plus grande splendeur, il s'étend sur près de 350 hectares (cinq fois la surface de la Cité Interdite). Initiée en 1707, sa construction et son aménagement se poursuivent jusqu'au milieu du milieu du XIXe siècle. Durant ce siècle et demi, il accueille le centre réel de la vie de l'Empereur et de la Cour. Il devient le réceptacle de l'art le plus raffiné de toute la Chine et une des plus belles merveilles du Monde. Des milliers d'œuvres d'art, d'antiquités chinoises et d'archives politiques ou littéraires, trop souvent uniques, l'enrichissent constamment. S'il fallait une comparaison facile, il représente alors en Chine ce que serait en France la concentration en un seul lieu du Château de Versailles avec son mobilier d'origine, de la Bibliothèque Nationale, de l'Institut et de la Sorbonne. 

     La volonté impérialiste de la France et de la Grande-Bretagne livre ce lieu unique au pillage et à la destruction entre les 7 et 18 octobre 1860, comme point d'orgue de la deuxième guerre de l'Opium. Voici deux extraits de la réaction de Victor Hugo quand il repense à ce crime (extraits de la Lettre au Capitaine Butler du 25 novembre 1861) :

ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été. L’art a deux principes, l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.

(...)

     Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d’Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’Orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d’œuvre d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.

     En 1886, l'Impératrice CiXi (慈禧, ou Ts'eu-Hi pour une ancienne transcription française) décide la reconstruction d'un ensemble palatial, à moindre échelle, sur un site tout proche des ruines. Ce nouvel ensemble porte le nom officiel de Yíhéyuán (颐和园 : Jardins de l'Harmonie préservée). Il s'étend sur 290 hectares, dont 70 000 mètres carrés de surfaces construites. L'on raconte qu'elle y sacrifie le budget initialement destiné à la Marine Impériale Chinoise. Mais il est de nouveau saccagé par les troupes d'occupation européennes, lors de la révolte des Boxers (en 1900). 

     Une partie des Jardins de l'ancien Palais d'Été est aujourd'hui le lieu des campus des deux plus prestigieuses universités chinoises : l'Université Qinghua et l'Université de Pékin.

     L'Unesco classe le nouveau Palais d'Été au Patrimoine mondial de l'Humanité en 1998.

    Parmi les œuvres d'architecture que l'on peut y admirer aujourd'hui, votre serviteur remarquera le pavillon dénommé Le bateau de marbre, de même que le pont Gaoliang, construit en 1751 et préservé de la destruction.

La Grande Muraille est connue en Chine sous le nom de Chángchéng (长城 : Longues Murailles). C'est un ensemble complexe de fortifications aux frontières nord de la Chine. Elle est généralement construite pour protéger les Royaumes chinois puis l'Empire des tribus du nord (Xiongnu). Longtemps évaluée à 6 260 kilomètres de long, elle est aujourd'hui estimée à plus de 21 200 kilomètres de long en comptabilisant, avec les murs, les tranchées, les parties non-bâties (comme les défenses naturelles intégrées au dispositif global) et les éléments aujourd'hui en ruine ou détruits. 

     Pour ses parties construites, les différents éléments de la Grande Muraille mesurent entre 6 et 7 mètres de hauteur et 4 à 5 mètres de largeur intérieure. La muraille est flanquée de tours de gué (au moins 15 mètres de haut, tous les 75 mètres environ (soit la longueur moyenne de deux portées de flèches) et d'autres fortins ou bastions.

     Les premiers murs de défense ont été construits à l'époque des Royaumes Combattants. Ils n'étaient pas toujours destinés à défendre les royaumes chinois contre les Nomades du Nord, mais aussi pour les protéger de leurs autres voisins. Avec l'unification réalisée par Qin Shi Huang Di en 221 avant notre ère, seuls les tronçons destinés à protéger le pays des Tartaro-Mongols gardent leur utilité. L'Historien Sima Qian relate en deux citations la construction d'une grande muraille entre Lintao (au sud de la Mongolie intérieure) et Liaodong (sur la Mer de Chine, entre le Golfe de Corée et celui de Bohai). Elle mesure, annonce-t-il, "dix mille li de longueur" (soit une mesure mythologique), en réalité près de 6 700 kilomètres (plus de 11 500 li). Souvent reprise ou renforcée, parfois doublée ou reconstruite plus au sud, la construction se poursuit irrégulièrement jusque sous la dynastie Ming (les derniers travaux sont datés de 1570).

     Les six principaux tronçons aujourd'hui visibles et fréquentables par les touristes portent des noms particuliers. Ils datent le plus souvent des dynasties Qi du nord (de 550 à 577) ou Ming (de 1368 à 1644). 

     De nombreuses légendes circulent sur cette impressionnante construction. Rappelons ici que les études archéologiques ont montrées que, contrairement à ce qui a été dit avec insistance, on n'y retrouve aucun os (ni humain ni animal). Sa largeur, tout au plus de 10 mètres, fait qu'elle ne peut pas être vue à l'œil nu de la Lune. Par contre, un calcul théorique permet de supposer que son ombre pourrait l'être, mais cela n'a pas (encore) été confirmé.

     La Grande Muraille reste l'une des attraction préférée des touristes (tant Chinois qu'étrangers), jusqu'à 16 millions de visites par an. Elle a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1987.

 

Le Grand Canal (河 : Dà Yùnhé) est le nom abrégé du "Grand Canal Capitale - Hangzhou" (河 : : Jing Hang Dà Yùnhé) entre Pékin et cette ville. Long de 1 792 kilomètres, il les reliait jusqu'au XIXe siècle.

 

     Son premier tronçon fut percé en 486 avant notre ère, à partir de YangZhou (扬州) vers le nord, en détournant les eaux du Yángzǐ Jiāng (杨子江 plus connu en Chine sous le nom de 长江, Cháng Jiāng,  aussi dénommé  par les Sinologues français le Fleuve Bleu). Ce premier canal (dénommé 邗沟-: hán gōu) fut d'abord creusé pour des raisons de communication militaire (conquêtes du nord par divers rois), puis utilisé aussi pour le commerce. Il fut par la suite considérablement prolongé (par les souverains des dynasties Sui aux VIe et VIIe siècles, puis Yuan, Ming et Qing (à partir du XIVe siècle jusqu'au XIXe siècles). Il est alors devenu l'un des principaux axes de communication entre les régions nord et sud de l'Empire, pour le trafic commercial (du blé du sud vers le nord) et pour la circulation des savants et des fonctionnaires. Son rôle s'est considérablement amoindri après le développement des chemins de fer et du transport maritime. Une partie du Grand Canal n'est plus praticable aujourd'hui, surtout dans sa partie nord.

     Son creusement a permis de connecter cinq fleuves et rivières dans l'est de la Chine : du nord au sud le Hǎi Hé, le Huáng Hé (qui est le Fleuve Jaune), le Huái Hé qui marque parfois la limite entre la Chine du nord et celle du sud, le Qiántáng Jiāng et le Yángzǐ Jiāng. Les techniques de navigation fluviales se développent aussi, comme celles des écluses à sas, attestées au XIe sièce, qui permettent d'améliorer les conditions du transport fluvial (suppression de millions de manœuvres par ligature). Il s'en suit également une démultiplication des tonnages de transport, qui passent de 21 tonnes à 113 tonnes et donc, un accroissement considérable du trafic, de l'activité économique et des richesses produites.

     Le Grand Canal, son fonctionnement et son rôle, politique ou économique, ont fait notamment l'admiration de Marco Polo sous Kubilaï Khan (XIIIe siècle) ou du Père Jésuite Matteo Ricci au XVIIe siècle.

     Cette voie fluviale est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2014.

Visite éclair de Beijing (Pékin) : La capitale de la République Populaire de Chine est, comme toutes les capitales du monde, un thème d'études pour lequel il existe une immense bibliographie et d'imposants ouvrages de synthèse. Dans le cadre de cette page, votre serviteur se contentera de quelques courts paragraphes, surtout centrés sur quelques indications sur la richesse patrimoniale du centre ville traditionnel, sauf au paragraphe suivant (rappels succints autres sur la ville).

     Son nom même signifie Capitale du Nord (北京 ​: Běijīng), mais, on l'a vu, on la désigne aussi du seul nom de 京 (Jīng : LA capitale). Avant de s'appeler ainsi, le site a connu huit autres noms selon les époques, depuis le nom du chardon en chinois (蓟 : Jì), avant l'époque des Royaumes Combattants. Pékin est la capitale de l'Empire chinois, puis de la République de Chine et enfin de la République Populaire de Chine depuis 1421, sans interruption sauf pendant la guerre civile entre 1928 et 1949. La municipalité de Pékin s'étend aujourd'hui sur 16 800 kilomètres carrés, regroupe près de 20 millions d'habitants en 2010, répartis en seize districts (区 : Qū), dont la densité varie alors de 161 habitants au kilomètre carré à 24 373. Selon le site Internet french.china.org.cn, le PIB de BeiJing, pour les trois premiers trimestres de l'année 2022, cumule 2 580 milliards de yuans (ce qui correspondrait à un peu plus de 385 milliards de dollars américains selon le change moyen de cette période).

     La ville ancienne est centrée sur la Place Tiān'ānmén (天安门 : Porte de la Paix céleste) qui marque le passage entre les deux quartiers traditionnels (au nord, le quartier tartare, "intérieur", au sud le quartier chinois, "extérieur"). Celle-ci est la quatrième plus grande place du monde (avec 44 hectares de superficie). Elle donne au nord sur la Cité Impériale, centrée sur la Cité Interdite (voir en haut de la page), au sud sur la Porte Face au Soleil (门 : Zhēngyáng mén), dénommée aussi Porte d'Entrée (: Qián mén). Au cœur de la Place, se dresse le Mausolé du Président Mao Zedong (à la place de l'antique Porte de Chine, ).

     Parmi les ensembles architecturaux les plus remarquables de BeiJing du point de vue de l'Histoire de la Chine et de son art, votre serviteur se limitera (arbitrairement, hélas) aux quatre suivants :

     Le Temple du Ciel est un ensemble de cinq sanctuaires principaux construits au XVe siècle sur ordre de l'Empereur Ming Yongle (qui fait de Pékin la capitale de l'Empire), au sud de la ville. Sur 267 hectares, ces cinq sanctuaires sont la salle de prières pour la bonne moisson (祈年殿, qí nián diàn), l'autel du Ciel (圜丘坛, yuánqiū tán) qui lui fait pendant, la Demeure du Seigneur du Ciel (皇穹宇, huáng qióng yǔ), la Salle de l'Abstinence (斋宫 : zhāi gōng) qui est un véritable palais et le Bureau de l'Esprit de la Musique (神乐署 : shén yuè shǔ). Trois autres structures complètent ces cinq sanctuaires majeurs-: les sept étoiles de pierre, le mur des échos et les entrepôts divins. Toutes ces structures, très richement décorées, reprennent la signalétique de la Terre (représentée par des formes carrées et la couleur verte) et du Ciel (formes rondes et couleur bleue).

 

     Le Temple pékinois de Confucius (北京孔庙 : Běijīng Kǒngmiào pour Temple de Pékin pour (Maître) Kong) est bâti à partir de 1302. Jusqu'à la fin de l'Empire (1911), les hauts mandarins viennent y vénérer Confucius (孔子 : KongZi), le philosophe le plus réputé de la Chine antique. Le Temple présente notamment un ensemble de 198 tablettes de pierres portant les noms des 51 624 lauréats de l'examen jìnshì, le plus élevé du système pédagogique et administratif durant les dynasties Yuan, Ming et Qing, mais également 189 stèles portant le texte de treize classiques confucéens et de multiples autres stèles intéressant l'histoire de la Chine impériale.

     Le Palais du Prince Gong (恭王府 : Gōng Wáng Fǔ) est un bel exemple XVIIIe du style classique siheyuan (四合院 : sìhéyuàn). Ce style est spécialement fréquent dans le nord de la Chine et à BeiJing. Il désigne une demeure traditionnelle composée de multiples pavillons ouvrant exclusivement autour d'une cour carré. Avec le temps, la structure de ces demeures peut évoluer : d'autres cours sont incluses dans le plan d'ensemble (souvent trois), les cours ne sont pas carrées mais rectangulaires etc.

     D'autres spécificités viennent s'ajouter à ce principe de base. Plusieurs portes sont décalées entre l'entrée et la cour pour préserver l'intimité des habitants. Les ouvertures vers les cours intérieurs sont privilégiées pour les mêmes raisons, mais aussi pour protéger les habitants des rigueurs du climat (vents chargés de sable) ou les faire bénéficier du soleil rasant. Les cours intérieures dévoilent des chefs d'œuvres de raffinement (décorations, aménagements de jardins et d'étangs etc.). L'attribution des différents pavillons et l'aménagement de leurs pièces sont strictement codifiés, jusqu'à l'appli-cation rigoureuse des principes du Fēng Shuǐ (风水: littéralement "vent et eau"), système de croyances d'origine taoïste prescrivant des règles sur la circulation des énergies.

 

     L'on ne saurait évoquer BeiJing sans mentionner les traditionnels Hutongs (胡同 : hútòng). Ce sont les ruelles qui relient entre eux les siheyans. Ces ensembles de ruelles et de demeures forment des quartiers, le plus souvent séparés par de grandes avenues et artères. Gravement menacée par le dynamisme exceptionnel de la capitale à partir des années 1990, cette organisation traditionnelle de l'espace urbain est beaucoup mieux protégée depuis 2016 (classement de quartiers traditionnels, rénovations etc.).

Visite éclair de Nankin (NanJing) est littéralement la capitale du Sud (南京 : NánJīng), l'ancienne capitale impériale avant 1403. Les Chinois la dénomme également Níng (寧). Le cœur historique de la ville s'étend du Mont Pourpre, à la boucle du Yángzǐ Jiāng vers le Nord Ouest. De multiples fois détruites et reconstruite, elle est la plus grande ville du monde à la fin du XIVe siècle et l'un des plus riche port de l'Extrême-Orient, à la pointe du commerce et de la technologie de l'époque. 

     Mais elle reste effroyablement marquée par l'histoire des XIXe et XXe siècles. La guerre civile dans l'Empire chinois voit l'émergence, parmi d'autres révoltes, d'une royauté concurrente à l'Empire Qing sur les rives du Yángzǐ Jiāng : le TàiPíng Tiān Guó (太平天国 ou Royaume Céleste de la Grande Paix). L'écrasement de ce royaume TaiPing par les troupes impériales entre 1860 et 1880 provoque une tuerie effroyable en Chine du Sud, que l'on estime ad minima à 20 millions de morts. NanJing, ville peuplée au milieu du siècle de 900 000 habitants, est entièrement évacuée de ses habitants à la fin de la guerre, alors que la prise de la ville a provoqué la mort directe plus de 100 000 victimes en 1864. Un autre traumatisme est subi par la guerre sino-japonaise en 1937 : bombardement de la ville, massacre de sa population - au moins 200 000, peut-être 300 000 victimes civiles - et occupation épouvantable, dont l'expérimentation bactériologique sur cobayes humains.

     C'est aujourd'hui une ville importante, bien placée dans la région économique du delta du Yángzǐ Jiāng, l'une des plus prospères au monde (2022). Mais elle est actuellement concurrencée par d'autres villes voisines, dont Shanghaï et Hangzhou. En 2010, la ville compte officiellement 6 853 000 habitants (Bureau d'État des statistiques, RPC).

     Malgré les meurtrissures du passé, la ville de Nankin possède un patrimoine historique intéressant. Mais une grande partie du palais des Empereurs Ming, à l'époque où Nankin était capitale de l'Empire, n'existe plus que par quelques rares constructions (des portes monumentales, les deux Ponts de la Rivière de l'Eau d'Or). Divers éléments subsistants de l'ancien palais Ming sont maintenant disjoints du fait des ruines successives de l'ancien Palais et de l'extension du centre-ville moderne.

     Plus à l'ouest, le "Dépôt N° 2 des Archives Historiques de Chine" (中国第二历史档案馆) conserve notamment d'importantes archives relatives au gouvernement nationaliste de 1927 à 1949 (2 240 000 volumes en 2015, actuellement accessibles pour l'essentiel par ordinateur). Le palais présidentiel (celui où vécut et gouverna Sun Yat-Sen) date du XIXe siècle : ces bâtiments furent construits à la place des anciens palais détruits à la fin de la "révolte" des Taipings, après 1870.

     Enfin, le Parc Xu (煦园 : Xù Yuán, encore dénommé 西花园 soit Xīhuāyuán ou Parc Occidental),  date de l'époque impériale. Détruit à la fin de la guerre contre les TaïPing (en 1864), il est reconstruit à partir de 1870.

     Au sud-ouest de l'ancien quartier des Palais Ming, l'amateur d'Histoire locale pourra visiter le Musée folklorique de NanJing. Il est installé dans la spacieuse résidence de Gan Xi (甘熙故居 : Gān Xī gùjū). Ce Lettré, épigraphiste et bibliophile du début du XIXe siècle (il a vécu de 1798 à 1853), hérite de la maison paternelle et l'agrandit. La surface de la résidence mesure aujourd'hui 21 000 mètres carrés. Elle est l'une des plus grandes demeures privées conservées de l'époque Qing. Elle est dénommée familièrement "la maison aux 99 pièces et demi". Son état de conservation est exceptionnel. L'ameublement et le décor de cette vaste demeure familiale offre un témoignage de grande qualité sur l'organisation domestique dans une demeure traditionnelle de la Chine du Sud avant le milieu du XIXe siècle. La visite renseigne aussi sur les arts du livre, de la musique et de la danse. Le Musée présente également sur plusieurs arts du spectacle vivant, auxquels le visiteur peut s'initier.

     Plus au nord, à quelques encablures du Lac Xuanwu (玄武湖 : Xuánwǔ Hú), s'élève le temple Jiming (鸡鸣寺 : Jīmíng Sì), l'un des lieux de culte bouddhiste le plus ancien de Chine, construit en 527. Il comprend en son sein plusieurs bâtiments dont une pagode et un stupa de près de 45 mètres de haut, dénommé Stupa pharmacien (药师 : Yàoshī).

     Bien d'autres lieux présentent un grand intérêt historique ou touristique pour le visiteur curieux. La Montagne Pourpre (紫金山 : zǐjīn shān), à l'est de l'ancien quartier impérial, offre une multitude de sites et de monuments du plus haut intérêt : le Mausolée de Xiaoling (明孝陵: míng xiào líng), celui du Docteur Sun Yat-Sen (中山陵 : Zhōng Shān líng), l'observatoire national de la Montagne Pourpre (国立紫金山天文台 : guólì zǐjīn shān tiānwéntái) etc.

     On n'oubliera pas d'aller visiter les pans encore debout de la muraille de NanJing (南京城墙), mais aussi les berges de la rivière Qinhuai (秦淮河 : Qínhuái hé).

Visite éclair de Shanghaï Elle commence par le rappel des multiples noms et qualificatifs qu'on lui attribuer aujourd'hui. Le nom de Shanghaï en mandarin (上海 : Shànghǎi) signifie exactement "sur la mer". Plusieurs interprétations tentent d'expliquer ce nom. L'Histoire locale y voit une forme compacte pour signifier littéralement "de haute mer" ou "en haute mer". Mais un autre sens en mandarin expose "qui va sur la mer", en référence à son rôle de port.

     De plus, comme toutes les grandes villes chinoises et toutes les régions, Shanghaï est couramment désignée par un caractère unique (utilisé entre autre dans la signalisation et pour les immatri-culations), 沪 (Hù). Ce nom, dérivé de celui d'un ancien village, est parfois combiné avec l'idéogramme 淞 (Sōng) pour composer le nom 淞沪 (SōngHù). Enfin, la presse la désigne aussi par le sobriquet de 申 (Shēn), extrait du nom de 春申君 (Chūn shēn jūn), un héros local de l'antiquité. On peut lire aussi 申城 (Shēnchéng  : "cité de Shēn"). Pour les Européens, elle est aussi "La Perle de l'Orient".

     Les internautes auront deviné qu'avec cette profusion d'appellations, cette cité présente un caractère extraordinaire, voire fabuleux. Ils auront raison. Nous ne traiterons pas ici ni de son importance démographique, ni économique actuelle. Rappelons seulement qu'elle dépasse 27 millions d'habitants (deuxième agglomération derrière Chongqing et devant Pékin, si l'on s'en tient aux limites administratives) et que son PIB annuel dépasse mille milliards de yuans (environ 130 milliards de dollars américains) depuis 2006... Disons pour conclure que Shanghaï est sans doute le port et l'atelier du monde...

     Nous nous intéressons ici au patrimoine traditionnel et historique du vieux cœur de ville. Lors de l'exposition universelle de Shanghaï de 2010, les sites officiels n'ont pas manqué, à juste titre, de relever que le patrimoine architectural, culturel et historique de cette ville comptait (entre autres) 16 sites historiques placés sous la protection de l'État et 114 sous celle de la municipalité. Nous en choisissons seulement quatre, à regret et d'une manière peut-être arbitraire. Ce rappel est aussi une manière de vous donner envie d'aller chercher l'information sur ce que le scribe a écarté, faute de place et de compétence.

     Le premier site choisi est le Jardin de l'hésitation (豫园 :  yǔyuán), élaboré à partir de 1559 par Pān Yǔnduān (潘允端) pour le plaisir de son père. Quelques décennies plus tard, alors qu'il mesure 70 mu (soit environ 2 hectares), son petit-fils, Zhāng Zhàolín (张肇林) le dénomme "Couronne de jardin du Sud-Est" (东南名园冠 : dōngnán míng yuán guān). Plusieurs fois détruit ou menacé par le défaut d'entretien ou par les guerres, il est sauvé à partir de 1956 et restauré dans sa splendeur primitive. Il est structuré aujourd'hui en six espaces, dessinés dans le style "de Sūzhōu". Le Jardin Yu est l'un des "cinq jardins classiques de Shanghaï" (上海五大古典园林 : Shànghǎi wǔdàgǔdiǎn yuánlín).

Piscine Lotus du jardin Yu - Shanghaï

Photographie de Wikipédia en français 

(article "Jardin Yuyuan")

     Proche du Jardin de l'hésitation, le scribe vous propose la visite du Temple (ancien) du dieu de la ville (城隍庙 : Chéng huáng miào), aujourd'hui reconverti en centre religieux taoïste. Au cœur de la vieille ville de Shanghaï, il semble veiller sur le destin des centaines de boutiques qui l'entourent.

     Il est dédié à Huò Guāng (霍光). Ce général et homme politique de premier plan assume la direction de l'Empire Han entre 87 et 68 avant notre ère, date de sa mort. Principal co-régent de l'Empereur Hàn Zhāodì (汉昭帝), il déjoue les complots de ses co-régents et les élimine du pouvoir, avant de diriger l'Empire pour le compte du souverain enfant. Il s'assure du pouvoir en plaçant les membres de sa famille et ses alliés politiques aux postes clés de l'Empire, ce qui le fait accuser de népotisme. L'Empereur mourant à l'âge de 21 ans, son neveu Liu He (刘贺) lui succède. Indifférent aux rites funèbres dus à son oncle et au sort de ses sujets, il est détrôné au bout de 27 jours par Huò Guāng, accusé de détourner le pouvoir pour soi, et remplacé par Hàn Xuāndì ( 汉宣帝). Le nouvel Empereur, formé par Huò Guāng, devient l'un des plus brillants Empereurs de l'Histoire chinoise. De son côté, l'Empereur déchu, Liu He, est institué prince du Royaume de Chāngyì et meurt quinze ans plus tard, après avoir reçu aussi le Marquisat de Hǎi Hūn (海昏).

     Après sa mort, le ministre Huò Guāng est divinisé. C'est à lui qu'est dédié principalement le temple Chéng huáng miào. Deux autres serviteurs de l'État lui sont associés, également divinisés pour leur sens du sacrifice : Qín YùBó (秦裕伯), un Lettré de l'époque Ming (mort vers 1373) qui a peu à peu remplacé la divinité locale de Shanghaï et Chén HuàChéng (陈化成), un général mort en héros contre les Britanniques durant la Première guerre de l'Opium (en 1842).

   Autre îlot de tranquillité dans une mégapole si dynamique, l'amateur de sérénité appréciera l'ambiance du temple bouddhiste FaZang JianSi, construit en 1924. Les croyants suivent la voie du Bouddha Amitâbha (devenu Dharmakara). Le temple mêle curieusement le style européen Art Déco et le style chinois traditionnel.  

     Le visiteur soucieux de l'Histoire de l'art moderne et contemporain pourra s'instruire sur l'école de Shanghaï en peinture moderne depuis la fin de l'époque Qing jusqu'à aujourd'hui (plus précisément depuis 1800) à l'exposition permanente du Musée des Arts de Chine (中华艺术宫 : Zhōnghuá yìshù gōng). Dénommée 海上生明月-中国近现代美术之源 (hǎishàng shēng míngyuè-zhōngguó jìn xiàndài měishù zhī yuán : La lune brillante est née dans la mer - la source de l'art moderne chinois), dont le nom est un condensé d'allusions sur le nom de ShangHaï et sur la lumière de la lune, cette exposition présente plus de 6 000 œuvres sur deux étages.

     L'internaute curieux de l'activité culturelle de la métropole trouvera facilement des informations détaillées sur les huit Universités de la ville, sur le quartier colonial (européen) du Bund, sur les fantastiques architectures contemporaines qui s'élancent à l'assaut du ciel depuis des années 1990 etc.

Visite éclair de Canton (GuangZhou) Avec une dizaine d'autres villes, GuangZhou ( 广州 : GuǎngZhōu) participe à la conurbation du delta de la Rivière des Perles (珠江 : ZhūJiāng). Ce vaste ensemble géographique compte déjà en 2015 plus de 70 millions d'habitants (soit plus que la population française) sur 20 000 kilomètres carrés. À elle seule, GuǎngZhōu, la capitale, accueille 12,7 millions d'habitants. La conurbation figure parmi les trois premières régions économiques de Chine avec celles de Pékin et de Shanghaï. Son sinogramme d'immatriculation est 粵 (Yuè). 

     L'unification administrative du delta du ZhūJiāng est décidé depuis 2016 sous le nom de 粤港澳大湾区 (Yuè gǎn g'ào dà wān qū : Région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao).

 

   La vieille ville est tout d'abord dénommée PanYu (番禺 : PānYú), des noms accolés des deux montagnes voisines, mais une ancienne légende mythologique a popularisé depuis longtemps l'expression "Cité des cinq béliers" (五羊城 : Wǔ Yáng Chéng), compagnons des cinq Immortels (五仙 : Wǔ Xiān) qui apportèrent le riz à la fondation de la ville. Voilà pourquoi, selon la même légende, la ville est appelée aussi la cité du riz (穗城 :  SuìChéng).

     GuangZhou garde le souvenir ambigu d'être le premier port et la première ville par laquelle les Européens sont arrivés en Chine (dès 1514-1517 avec le Portugais Rafael Perestrelo).

     Le visiteur désireux de connaître la culture locale pourra admirer les productions de l'Académie du Clan Chen (陈家祠 : Chén Jiā Cí). Qu'il s'agisse de poteries (pour des masques ou pour des faîteaux reproduisant des scènes et des êtres mythologiques), de gypseries, des sculptures sur bois etc., l'Académie Chén propose de multiples exemples des arts de la décoration architecturale. 

     L'un des bâtiments emblématiques de GuangZhou porte le nom de Tour ZhenHaï. Cette construc-tion porte le nom chinois de Zhèn Hǎi Lóu ( 鎮海樓 : bâtiment qui garde la mer). C'est le dernier élément subsistant du système défensif de la ville, construit en 1380 sur le Mont dénommé Yuèxiù Shān (粵秀山, ou Jyut⁶sau³ Saan en dialecte cantonnais) pour surveiller les possibles intrusions de pirates japonais de l'époque. Comme il est construit sur quatre étages au dessus du rez-de-chaussée, les habitants de Canton le connaissent aussi sous le nom de 五層樓 (Wǔ Céng Lóu : bâtiment à cinq étages). Depuis 1956, cette tour abrite le Musée de GuangZhou, dont les collections intéressent l'Histoire de la ville et de la province de GuangZhou, de même que l'artisanat local. 

     Parmi le riche patrimoine historique de la ville, le Musée du Mausolée des rois de NánYué (南越) est le plus récent. Il expose plus de mille objets extraits de la tombe du roi ZhàoMò (趙眜), mort peu de temps avant la conquête du GuangZhou par les Han (en 110 avant notre ère). La pièce la plus impres-sionnante est le linceul du roi, entièrement cousu de plaques de jade. Le Musée du tombeau du roi ZhàoMò de NánY (西汉南越王博物馆 : Xīhàn nányuè wáng bówùguǎn NánYuè ZhàoMò, ou en cantonnais - sans les tons - Sai Hon NamYuet Wong Mou Bok Mat Gun) est ouvert depuis 1988, cinq ans après la découverte de la tombe (1983) en pleine ville. 

     Bien d'autres lieux d'Histoire et de culture proposent des visites passionnantes pour comprendre ou approfondir le passé de GuangZhou et de sa région. Citons pour mémoire le Musée provincial de GuangZhou, la Pagode aux Six banians (Liù Róng Sì), ou le Temple du dieu des fossés de la Ville (城隍神 : Chéng Huáng Shén).

 

     L'Histoire contemporaine de la Chine est présente notamment par le Mémorial cantonnais de Sun Yat-Sen (中山紀念堂 :  ZhōngShān jìniàn táng), inauguré en 1929 et l'Institut de Formation des Mouvements paysans du GuangZhou (广州农民运动讲习所 : GuǎngZhōu nóngmín yùndòng jiǎngxí suǒ) C'est aujourd'hui un Musée retraçant la part du mouvement paysan à l'Histoire de la Chine entre 1923 et 1926, avant les tueries de 1927. Les nostalgiques de l'époque coloniale pourront visiter l'ïle de Shamian. 

     On ne peut pas quitter la présentation de GuangZhou sans évoquer l'importance du pôle universitaire : GuangZhou compte dix Universités de premier plan en Chine et un immense campus universitaire pouvant accueillir 350 000 étudiants (le Mega Centre d'Enseignement supérieur de Canton, 广州大学城 :  Guǎngzhōu dàxué chéng ou en cantonais Gwong²zau¹ daai⁶hok⁶sing⁴ ).

      Enfin, GuangZhou est réputée pour ses parcs et jardins, sans oublier son réseau exceptionnel de vois vertes ( 广东绿道 :  guǎngdōng lǜ dào). Il serait dommage de ne pas aller s'aérer au moins une fois au Parc de la Montagne de BaiYun (白云山 : báiyún shān ou Monts du Nuage Blanc), avec son jardin calligraphique et son légendaire lever du soleil.

Visite éclair de Hong-Kong et de Macao Elles sont les deux ensembles urbains situés respectivement à l'est et à l'ouest du delta de la Rivière des Perles, quand il se jette dans la Mer de Chine. Il convient toutefois de rappeler que le delta mesure alors 60 kilomètres de large. Chacune de ces deux villes, longtemps colonies d'anciennes puissances européennes (respectivement la Grande-Bretagne et le Portugal), bénéficient aujourd'hui du statut de Région administrative spéciale de la République Populaire de Chine (特別行政区 / 特別行政區, tèbié xíngzhèngqū). Elles sont régies par le principe "un pays, deux systèmes" (一国两制 : Yī guó liǎng zhì). 

     Macao préserve notamment un centre historique et culturel important. Une structure administrative spécifique (dénommée  澳门历史城区 : Àomén lìshǐ chéngqū, Quartier urbain historique d'Àomén - qui est le nom mandarin de Macao) regroupe une vingtaine de sites protégés par l'Unesco.

     Parmi eux, le scribe remarquera le Temple dédié à la déesse A-Ma, appelée également Mazu (妈祖 : Māzǔ, c'est-à-dire l'Ancêtre-mère), protectrice des marins. En cantonais, Macao est dite  Porte d'A-Ma (澳門 :  Ou3mun4). 

     Le visiteur soucieux de comprendre le monde chinois contemporain visitera avec profit La maison du Mandarin (鄭家大屋 : Zhèng jiā dàwū, c'est-à-dire le Manoir de Zheng). Cet ensemble architectural appartenait déjà au père du Lettré Zheng GuanYing (郑观应 : Zhèng GuànYìng). Ce dernier et ses frères ont développé la propriété initiale dans la seconde moitié du XIXe siècle, jusqu'à sa surface actuelle (4_000 mètres carrés). En 1893, Zhèng GuànYìng fait paraître un essai écrit en chinois traditionnel : 盛世危言, shèngshì wēiyán, dont le titre peut être traduit en anglais par Words of Warning to a Prosperous Age  et en français par Alertes pour les temps de prospérité. Il énonce que la Chine est prête pour de profondes réformes politiques, sociales et économiques dans le but de redevenir un pays prospère. Mais elle doit pour ce faire se mettre à l'école de l'Europe occidentale : monarchie constitutionnelle, parlement, politique volontariste pour remédier à la pauvreté effrayante du peuple chinois, compréhension de la profonde nature du capitalisme (commerce international, concurrence "guerrière"), équipements techniques modernes (Chemins de fer, flotte moderne, moyens de communications etc.). Parmi les lecteurs assidus de cet essai, on ne compte pas moins que Sun Yat-Sen et Mao Zedong...

     Parmi les autres sites remarquables de Macao, l'on portera aussi bien attention aux constructions traditionnelles (dont un certain nombre de temples), aux bâtiments coloniaux ou aux gratte-ciels de ces dernières décennies.

      En comparaison de Macao, Hong-Kong fait figure d'un incroyable nouveau-né géant : en 1839, cette île sablonneuse ne compte que 7 500 habitants (pêcheurs, charbonniers et leurs familles), quand les Britanniques en font une position avancée pour leur entreprise coloniale et construisent la ville moderne. Au fur-et-à-mesure des multiples épreuves épouvantables que la Chine traverse durant un siècle, Hong-Kong devient l'un des ports les plus considérables du monde actuel. Aujourd'hui, la municipalité de Hong-Kong compte plus de 7 500 000 habitants, lui procurant collectivement plus de 350 milliards de dollars américains de PIB annuel, est devenue la troisième place financière au monde (après New York et Londres)... 

     À défaut d'habitats ou de temples traditionnels, la cité compte plus d'une soixantaine de Musées ou de Centres culturels de premier plan, ou plus. Mais l'on y trouve malgré tout un établissement rural et traditionnel, au cœur des Nouveaux Territoires... le Musée Folklorique de Sheung Yiu (ou en mandarin de Shàng Yáo : 上窰民俗文物館, Shàng Yáo mínsú wén wù guǎn). Cet établissement porte le témoignage de la vie rurale et traditionnelle du peuple hakka. Il s'agit d'un groupe ethnique important de la Chine méridionale et insulaire, dont le mythe fondateur affirme qu'il descend des émigrés Hans de la Chine centrale à partir du troisième siècle de notre ère).

     À la connaissance du scribe, tous les autres centres culturels (ou musées) se rapportent à l'Histoire coloniale ou contemporaine de Hong-Kong.

Le Mausolée de l'Empereur Qin (village de Xiyang, comté de Lintong) Ce mausolée se situe au cœur d'un tumulus funéraire, dans le Shǎnxī, une des régions du centre (plutôt nord-est) du pays. Décrit pour son environnement extérieur en 1914, fouillé à partir de 1974, il est partiellement ouvert au public à partir de 1979. Il contient la tombe du premier Empereur de Chine, Qín ShǐhuángDì (秦始皇帝), mort en 210 avant notre ère, de même qu'une incroyable armée de près de huit mille statues de soldats et de chevaux. Les figures des militaires sont reproduites en terre cuite à une échelle légèrement supérieure à 1:1, selon les grades.

     D'après sa documentation, Sima Qian avait décrit en détail l'intérieur de la tombe de l'Empereur, un siècle après son enterrement, ce qui a contribué à l'identification du tumulus fouillé, sans mentionner l'armée de statues. Selon l'Historien, la tombe a nécessité le travail de 700 000 personnes. Ceux qui ont assisté à l'enterrement du souverain auraient été à leur tour emmurés vivants, mais l'usage des sacrifices humains, attestés dans la haute antiquité chinoise, était déjà rarissime plusieurs siècles auparavant et l'information n'est toujours pas confirmée par l'archéologie. 

     Le complexe funéraire est composé de huit fosses contenant une multitude de statues, de chars, de bronzes (armes et armures, statues d'oiseaux, de sabots etc.). Les fosses numérotées 1 et 2 et les objets contenus portent des traces d'incendie, ce qui confirme le témoignage sur un pillage très peu de temps après la fermeture de l'ensemble funéraire. 

     Les statues des soldats sont réalisées en terre cuite dans des ateliers, en pièces détachées ultérieurement assemblées, peintes et laquées. Mais, longtemps, les pigments de la plupart n'ont pas surmonté l'exposition au plein air après leur découverte. Les visages des soldats ont été individualisés avant cuisson. Les armes en métal, traitées au chrome avant la fermeture de la tombe, ont gardée tout leur tranchant et ne se sont pas oxydées.

       La tombe même de l'Empereur est localisée et sécurisée, mais n'a pas encore été fouillée (en 2022). Les travaux ne commenceront que quand les techniques archéologiques de sauvetage garantiront la bonne conservation de la momie impériale, des objets ou substances à découvrir. L'Historien Sima Qian décrit un intérieur fabuleux : plafond figurant le ciel, sol figurant l'Empire avec des maquettes et de multiples objets précieux attendraient leur mise à jour.

   Quelques Historiens ou Archéologues ont contesté l'attribution de la tombe partiellement découverte, voire même l'authenticité des pièces exhumées, sans que ces théories n'aient reçu l'assentiment des professionnels ni du public.

       La beauté des artefacts déjà exposés et la splendeur suggérée de ce qui doit être ultérieurement exhumé laisse l'admirateur sans voix.

Buste d'un archer

Photographie de Wikipédia en français

(article "Mausolée de l'Empereur Qin")

Les monastères de Shàolín (少林寺: shàolín sì) C'est un ensemble de temples bouddhistes de l'école Chan installés sur le Mont Song (​嵩山 : sōng shān), dans la province du Henan ( 河南 : Hénán, littéralement au sud du fleuve, qui est le Fleuve Jaune), au centre de la Chine. Le nom du monastère originel est parfois décomposé en ses caractères primaires pour en lire son éventuelle étymologie (少林寺 pouvant signifier monastère de la forêt jeune).

     Voici la principale légende sur la fondation du premier monastère : il serait fondé par le moine bouddhiste indien Batuo (de son nom bouddhiste Bouddhabhadra), dans la tradition de la pratique de la méditation désignée en sanskrit sous le nom de Dhyâna), à la fin du Ve siècle. Toujours selon la même tradition, il serait réformé par un autre moine "barbare", (indien ou persan ?) connu sous le nom de Bodhidharma (qui signifie littéralement "Enseignement de Sagesse" en sanskrit), entre 497 et 536. Ce dernier aurait également formé les moines à se défendre contre les brigands et les fauves, par la pratique d'un art martial qui sera devenu le Kung-Fu. Souvent, ce dernier fait est ce seul enseignement qui est retenu en Europe occidentale.

     Les premiers faits attestés de l'activité monastique en matière d'arts martiaux sont la défense victorieuse des moines contre les brigands en 610 et leur participation à la bataille de Hulao (虎牢之戰 : HǔLáo zhī zhàn) en 621, qui permet l'ascension du prince Lĭ Shìmín (李世民) et l'installation de la dynastie Tang au pouvoir impérial.

     Ultérieurement, les moines sont dispersés à la suite d'une destruction du monastère, conséquence d'une rébelion contre la dynastie Qing. Cette dispersion est à l'origine de la propagation des arts martiaux dans l'ensemble de la Chine et au delà. Plusieurs fois détruit, le monastère est rebâti à partir de 1972. Cette reconstruction contemporaine s'accompagne de la constitution d'une doctrine d'arts martiaux dénommée  少林功夫 (Shàolín gōngfu déformé en Europe sous le nom de Shaolin Kung-Fu). 

     Aujourd'hui, le Mont Shaolin accueille deux monastères, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes. Les deux monastères regroupent des personnes qui se consacrent, selon le cas, à la pratique des arts martiaux, à la méditation chan ou à la pratique et à la préservation de la médecine traditionnelle chinoise (inspirée par les différentes philosophies chinoises et basée sur des notions spécifiques, comme le dào et la polarité du yīn et du yáng, le , la théorie des wǔxíng etc.).

Les lieux de la Longue Marche Cette expression désigne l'expédition militaire par laquelle, les Communistes chinois, après les défaites historiques des années 1925 à 1934, décident de quitter les différentes régions où ils sont encerclés, harcelés et menacés de liquidation par les puissantes armées de Tchang Kaï-Chek, pour finir par se regrouper dans le Shaanxi (陕西 :  Shǎnxī) après une marche armée qui traverse tout le centre de la Chine, occasionnant des pertes considérables dans leur rang.

 

     En 1931, les régions contrôlées par les Communistes sont isolées les unes des autres, principalement dans trois régions du centre de la Chine (Anhui, Hubei, Henan), dans deux du nord du pays (Gansu et Shaanxi) et une du sud (Jianxi), constitués en République Soviétique de Chine, sous la direction de Mao Zedong. Après quatre "campagnes d'encerclement et d'anéantissement" menées par Tchang Kaï-chek, les Communistes subsistent dans seulement deux régions : dans le sud (Jianxi) et dans la région du centre (Hubei-Henan-Anhui). Lors de la cinquième campagne de Tchang Kaï-chek, en 1934, celui-ci cherche à écraser les Armées Rouges de ces deux régions, qui semblent promises à l'anéantissement-: le chef nationaliste dispose d'un million d'hommes, d'une aviation et de l'aide de la mission allemande du Général Hans von Seeckt en matière de formation et d'encadrement. Les Soviets du Hubei-Henan-Anhui, sous le commandement du dirigeant communiste historique, Zhang GuoTao, dispose de quelques milliers d'hommes. Les Soviets du Jiangxi, dispose de 130 000 hommes mal armés et mal entraînés, dirigés par un directoire de six dirigeants dont le Soviétique Otto Braun.

 

     En octobre 1934, l'armée de Tchang Kaï-chek prépare l'écrasement du Jianxi, d'où l'Armée Rouge s'exfiltre pour éviter de disparaître. La tactique de Mao Zedong l'emporte, préconisant une guerre de mouvement. C'est le début de la Longue Marche (长征 :  Zhǎng Zhēng), qui se dirige vers l'ouest jusque dans le Yunnan avant de bifurquer vers le nord en direction du Shaanxi. Partie à 130 000 hommes, l'Armée Rouge arrive à destination en octobre 1935, réduite à peut-être 20 000 hommes subsistant, après un périple de 12 500 kilomètres. De son coté, l'armée de Zhang GuoTai réunit finalement 80 000 hommes avant de faire sa jonction avec Mao Zedong et les Communistes du Nord de la Chine à Yan'An (Shaanxi).

    Les dissensions ultérieures opposant les deux dirigeants et l'attaque des troupes sécessionnistes de Zhang GuoTai par les Seigneurs de la Guerre de la Clique des Ma, dans le Gansu, auront raison des forces politiques et militaires de ce dernier. En 1938, Zhang GuoTai abandonne tout rôle public, avant de se réfugier comme simple particulier à Hong-Kong puis, plus tard, au Canada. Mao Zedong et Deng XiaoPing restent alors les principaux dirigeants communistes chinois.

   En guise de conclusion, soulignons que le format de ce site ne permet pas d'évoquer bien d'autres questions passionnantes, liées à l'Histoire passée ou présente de la Chine, à ses traditions anciennes, à sa géographie historique. C'est avec regret que le scribe n'abordera pas la présentation des mines de kaolin de JingDeZhen, de l'art des jardins de SuZhou, du delta du YángZǐ Jiāng, du delta de la Rivière des Perles, de la ville et de l'agglomération de ChongQing etc.

 

     Cette page se limite à présenter une évocation express - et aussi un peu arbitraire - des lieux de l'Histoire de la Chine. Elle se veut en fait une incitation à poursuivre l'étude de l'Histoire de ce pays de culture.

Huo Guang
Visite de Canton
Hon-Kon-Macao
Mausolée Qin
800px-Yuyuan_Garden.jpg
Shaolin
La Longue Marche
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Conclusion
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